EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ, la pharmacie n’est pas tout à fait un commerce de proximité comme les autres. Certes, techniquement, une officine bénéficie des mêmes offres disponibles sur le marché que n’importe quel autre commerce. Mais elle commercialise des produits de valeur, ce qui la place d’emblée parmi les commerces les plus sensibles comme les bijouteries ou les opticiens. Mieux, elle stocke des produits parfois dangereux et susceptibles de faire l’objet de trafics divers. Pour ces différentes raisons, l’approche de la lutte contre l’intrusion en pharmacie ne peut se faire de façon légère, en se limitant à un système d’alarme acheté ici ou là. Autre caractéristique propre aux pharmacies, des horaires d’ouverture plus larges, ce qui nécessite selon Xavier Vignon, PDG de Delta Security Systems, « une véritable gestion de l’exploitation de l’officine en matière de sécurité, et de tenir compte du roulement des équipes. » Non seulement les pharmacies se distinguent des autres commerces de proximité, mais il n’en est pas une identique à l’autre. Tous les intervenants insistent sur ce point, aucune protection n’est valable si elle n’est pas pensée spécifiquement pour telle ou telle officine. Il ne peut exister en la matière de « pack sécurité » standardisé. « Les besoins des pharmacies sont totalement différents selon leur taille, leur emplacement, en milieu urbain, sensible ou non, en milieu rural, selon leur configuration, contiguë ou non avec un autre immeuble etc… » évoque Sylvain Lemoine, directeur technique de Siliprotect, un spécialiste francilien de la sécurité.
Analyse des besoins.
C’est pour ces différentes raisons que beaucoup de prestataires préconisent une analyse préalable des besoins au terme de laquelle ils proposent un cahier des charges. Laquelle analyse est obligatoire quand le prestataire en question est certifié APSAD (Assemblée plénière des sociétés d’assurances dommages), une certification délivrée par le CNPP (Centre National de Prévention et de Protection), expert en prévention et en maîtrise des risques, un organisme issu des organisations professionnelles de l’assurance (voir encadré ci-contre). Réussir cette analyse est sans doute une des meilleures garanties de sécurité, car les technologies existantes se différencient peu les unes des autres, c’est surtout leur usage qui va déterminer leur efficacité. Les technologies en question sont principalement liées aux détecteurs que l’on place aux bons endroits dans la pharmacie, relié à une centrale d’alarme et classés en deux catégories : les « périmétriques », « ceux que l’on installe sur tous les ouvrants, portes, fenêtres etc… » explique Alain Soussouy, gérant de Alarmes Vol Systèmes, un spécialiste toulousain de la sécurité, et les « volumétriques », « placés pour la détection de mouvements dans des espaces que l’on cherche à sécuriser, comme le stock par exemple. » Ces technologies évoluent peu, elles ont simplement gagné en fiabilité avec le temps. « Il y a beaucoup moins de fausses alarmes qu’autrefois » insiste Thierry Beauregard, chef de produit contrôle d’accès-intrusion chez ADT France, filiale du groupe américain Tyco International, implantée dans le Val-de-Marne. Ces détecteurs reliés à des alarmes permettant de déclencher des sirènes si nécessaire, doivent cependant être bien gérés afin d’éviter au maximum les déclenchements intempestifs, en cas de livraisons par exemple. Cela suppose une bonne maîtrise des outils d’authentification, avec notamment l’usage des technologies biométriques et de codes d’identification. La qualité de la sirène, sa puissance notamment, fait aussi partie de l’efficacité du système. « Il faut inhiber les intrus potentiels par une barrière de son » estime ainsi Sylvain Lemoine, « avec plus de 110 décibels au minimum ». Et quand l’ouïe ne suffit pas, il faut aussi empêcher ces intrus d’agir par le biais de la vision. C’est ainsi que de plus en plus de prestataires de la sécurité proposent des générateurs de fumée, lesquels créent en quelques secondes un brouillard tel que les cambrioleurs potentiels ne voient plus rien.
La levée de doute.
Aucune de ces technologies ne permet la « levée de doute », indispensable pour une intervention des forces de police qui ne se déplacent qu’avec la certitude d’avoir affaire à un cambriolage. Cette levée de doute est rendue possible par tout un pan de prestations liées à la vidéosurveillance. Celle-ci aide déjà les pharmacies à lutter contre le vol en plein jour en surveillant ainsi les personnes qui entrent dans l’officine, mais aussi à vérifier qui est l’intrus un soir ou en pleine nuit quand la pharmacie est fermée. Si jamais le titulaire déclenche l’alarme par mégarde, le centre de télésurveillance auquel il est relié sait tout de suite qu’il n’y a pas de cambriolage. Ledit centre interpelle la personne et demande un identifiant. Pour certains prestataires, cela suffit à lever le doute, pour d’autres, il est nécessaire d’envoyer un vigile sur place pour constater la tentative de cambriolage. Ainsi, Securitas Direct envoie une équipe chargée de sécuriser les lieux en attendant la police. Mais en tout état de cause, la présence de vidéosurveillance reliée à un centre de télésurveillance est le minimum nécessaire au déclenchement de la levée de doute. C’est pour cette raison que nombre d’acteurs de la sécurité proposent non seulement des produits pour lutter contre l’intrusion, mais aussi ces prestations qui permettent d’offrir une solution véritablement globale. Tous ne sont pas forcément d’accord avec ce point de vue, ainsi pour Sylvain Lemoine, une télésurveillance ne vaut que si l’intervention physique est très rapide, « sous les dix minutes », ce qui suppose la présence d’un télésurveilleur à proximité de la pharmacie.
Internet facilite la surveillance.
C’est pourtant dans le domaine de la télésurveillance que les progrès techniques ont été les plus importants ces dernières années, grâce à l’amélioration des technologies de communication, IP, GSM, GPRS. Grâce à l’IP (Internet), il est désormais possible de disposer de systèmes vidéo et de transmission d’images de suffisamment bonne qualité pour utiliser des images à distance et agir en conséquence. « La télé surveillance est devenue simple grâce à l’ADSL » estime ainsi Laurent Zaffran, directeur des ventes d’Automatic Alarm, spécialiste marseillais de la sécurité œuvrant à l’échelle nationale. La téléphonie mobile a elle aussi son rôle car les cambrioleurs peuvent couper les lignes téléphoniques classiques, cela ne gêne pas la transmission des données. Attention néanmoins aux problèmes de sécurité liés à l’informatique prévient Xavier Vignon, « il faut des systèmes d’information très sécurisés chez le prestataire » affirme-t-il.
Ces prestations ont un prix, parfois très élevé quand certaines officines se révèlent être assez complexes à sécuriser. Les titulaires peuvent se montrer réticents face à ces coûts que d’aucuns jugeront prohibitifs. D’où la nécessité de bien évaluer l’équation financière dans laquelle l’indemnisation de l’assurance a son influence. D’où aussi celle de faire jouer la concurrence, les acteurs de ce marché étant nombreux. L’analyse de risque proposée est souvent gratuite, le matériel varie beaucoup d’une pharmacie à l’autre, mais pour une officine de taille moyenne, on peut compter entre quelques centaines d’euros pour les tarifs les plus bas, jusqu’à 5 000 euros si l’on acquiert un générateur de fumée (environ 2 500 euros). La télésurveillance est proposée sous forme d’abonnement mensuel à quelques dizaines d’euros environ. Mais comme le soulignent les intervenants, ces coûts restent inférieurs à celui que risque une officine après un cambriolage.
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