« UN GRAND MUR pareil, il faut reconnaître que c’est tentant, convient Carole Lenfant, et il était toujours tagué. Depuis deux ans, je voulais le faire repeindre, mais il a toujours plu. » De fait, ce mur tentant, haut de 3 mètres, long de 22 m, est perpendiculaire à la route nationale 31 qui relie Beauvais à Rouen. L’officine est, de plus, équipée d’une aire de stationnement, et le mur est à portée de main, sans aucun obstacle à franchir. Du pain béni pour tous les tagueurs picards ou de passage.
En parlant avec son frère, qui tient un bar à Beauvais, Carole Lenfant découvre le monde des tagueurs, et des graffeurs, moins « sauvages ». Elle voit fleurir, ici et là, des trompe-l’œil, des vitrines de Noël décorées par des jeunes étudiants. Elle apprend surtout que tagueurs et graffeurs se respectent mutuellement, ne se recouvrent pas.
Son frère lui fait rencontrer l’association beauvaisienne des Cache-misère, dont trois graffeurs sont justement des jeunes de Ons. On trouve aussi dans l’association des archéologues, dont le graff est le passe-temps.
« J’avais des idées sur ce que je voulais, raconte Carole Lenfant. Ma pharmacie est également vétérinaire, il y a beaucoup de clubs hippiques, je voulais des chevaux, un chat, un chien, un pot à pharmacie, une gélule, des plantes médicinales, un tube d’homéopathie. Et pour le matériel médical, un fauteuil et un déambulateur ; mais aussi qu’on y voit des jeunes. »
Six artistes de Cache-misère ont commencé par proposer des maquettes, on a discuté. Au premier soleil de juillet, les six peintres, dont une jeune fille, ont accaparé le mur. « Chacun avait son thème, chacun sa particularité, la fille devait peindre les chevaux. » Pendant trois jours, en plein soleil, de 11 h 30 à 23 heures, à la nuit tombée, les six artistes « ont pris tout l’espace, toute la surface ».
« Tous les gens du village venaient, apportant à manger et à boire. Les peintres avaient d’abord collé de grandes bandes blanches, et ils ont " bombé ", grimpés sur des échelles », indique la titulaire. L’association n’étant pas si riche, Carole Lenfant avait été acheter les bombes de peinture.
Le résultat est bluffant : une longue bande dessinée, ultra-colorée, gaie, rigolote. « Je ne pensais pas que ce serait si bien, admet Carole Lenfant. J’ai immédiatement apprécié l’ensemble, comme tout le personnel. Pendant quinze jours, tout le village a défilé pour voir. Je crois même que cela a donné des idées à d’autres, par exemple pour refaire leur enseigne. Moi, j’appelle cela une fresque, les peintres préfèrent parler de graff. »
La pharmacienne a, bien sûr, rémunéré l’association pour le travail. Mais son mur, si tagué auparavant, n’est pas seulement repeint. « Les tagueurs se respectent entre eux, dit-elle, et l’association s’est engagée à refaire le travail, si nécessaire. Les jeunes du village qui y ont travaillé y veillent. Il paraît d’ailleurs que si c’était le cas, ils peuvent savoir qui aurait recouvert le graff. » Beaucoup de journalistes sont venus. Carole Lenfant a dû envoyer des photos. Mais avec le passage permanent de la RN 31, ralenti à cet endroit par l’entrée du village, comment en aurait-il été autrement ?
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