Présentant la pharmacie de la gare de Roissy-en-Brie comme « le premier supermarché du médicament », l’article publié dans « le Parisien » n’a pas manqué de choquer l’Ordre des pharmaciens. « La présentation est loin de ce que l’on attend du fonctionnement même d’une pharmacie, avec les sacro-saints tact et mesure », souligne Jean-Jacques Desmoutis, président du conseil régional d’Île-de-France de l’Ordre. « Cependant, cette présentation est plutôt du fait du journaliste. Rien ne prouve que le pharmacien l’ait sollicité », tempère-t-il. Titulaire de l’officine depuis sa création, en 1992, François Ehrhart confirme cette version et refuse d’ailleurs de répondre à la presse, de crainte de représailles ordinales. Son avocat, Me Gérard Bembaron, indique que « M. Ehrhart n’a pas du tout orchestré de campagne de presse et préfère au contraire la discrétion ». Et, dans ce cas, Jean-Jacques Desmoutis confirme que ce « n’est pas du ressort de l’Ordre ».
LA TAILLE. La pharmacie Ehrhart proposera prochainement une surface de vente d’environ 1 000 m2, ce qui en fera la plus grande de France. Rien de répréhensible dans cette démarche, car si la taille minimale requise pour une pharmacie est de 70 m2, il n’existe pas de limite maximale. Pour Me Bembaron, « cet agrandissement permet un meilleur confort pour le personnel et pour les clients. La pharmacie est 100 % aux normes : larges rayons, toilettes pour handicapés, entrée accessible, mais aussi un espace de confidentialité. Elle dispose d’un robot de distribution et de pièces à l’étage pour le personnel ». L’Ordre reconnaît que l’extension de l’officine s’effectue en toute légalité.
LES PRIX DISCOUNT. La pharmacie de la gare de Roissy-en-Brie a toujours adopté une politique de prix bas. Elle fait partie du G9, un groupement qui réunit 9 pharmacies importantes, ce qui lui permet d’optimiser ses achats. Pour l’Ordre, les prix discount « risquent d’inciter à la surconsommation de médicaments ». Un argument réfuté par Me Bembaron, qui estime que l’on « ne consomme pas deux comprimés au lieu d’un parce qu’on l’a payé 40 % moins cher ». Jean-Jacques Desmoutis rappelle qu’il est « interdit de faire des promotions sur les produits listés ». Cependant, « pour la parapharmacie et les produits-conseils à prix bas, l’Ordre n’a pas à intervenir », indique-t-il.
LA CONCURRENCE. Pour Jean-Jacques Desmoutis, cette pharmacie, avec sa politique de prix bas, a provoqué une « déstabilisation du réseau officinal. Depuis vingt ans, nous avons vu plusieurs fermetures et dépôts de bilan dans un rayon de 20 km. Si les pharmacies discount de ce type se multiplient, cela risque de poser des problèmes de santé publique », regrette-t-il. Me Bembaron estime pour sa part que « ce type d’officine ne peut exister que dans les régions où les officines sont en surnombre. Il restera toujours une offre de proximité », assure-t-il.
L’IMAGE DE LA PROFESSION. « Nous sommes choqués, en tant que professionnels de santé, par l’image véhiculée par ce genre de pharmacie, déclare Jean-Jacques Desmoutis. Toute l’orientation vers les nouvelles missions est littéralement balayée. Tout est basé sur la notion de prix, de commerce, ce qui est la dénégation de ce que doit être le métier de pharmacien. » Pour Me Bembaron, c’est un mauvais procès. « Ce n’est pas parce que l’officine est plus grande que le conseil est de moins bonne qualité. Au comptoir, il n’y a que des diplômés, adjoints ou préparateurs. Ce n’est pas “moins bien”, c’est simplement “plus grand”. »
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