LES COLONNES DE TIROIRS sont bien connues des pharmaciens. Cela fait plus de 30 ans qu’ils en équipent leurs officines et ces systèmes de rangement n’ont plus de secret pour eux. Ils savent exactement ce qu’ils veulent et il est bien difficile aujourd’hui de les surprendre avec ce meuble central pour l’activité de la pharmacie. « Certes, tous les pharmaciens ne sont pas encore équipés, il en existe un certain nombre qui se contentent d’épis de rangement, meubles ouverts assez encombrants, constate Thierry Trasbot, directeur commercial de Boursin Agencement. Dans ces cas-là, l’investissement dans des colonnes de tiroirs est avantageux car il apporte une compression du stockage des médicaments et libère de l’espace. » Une colonne de tiroirs peut contenir l’équivalent de 28 à 32 mètres de linéaires. « Le gain de place est souvent l’argument principal en cas de premier équipement, mais aussi de renouvellement, » remarque Christian Charles, directeur de l’agenceur Ateliers Design de France (ADF). Notamment dans le cadre d’un transfert par exemple, ou quand le matériel a trop vécu. Mais cette dernière configuration est rare car les pharmaciens demandent du solide et du durable. Et les fabricants font en sorte de répondre à cette demande en proposant du matériel fait pour durer.
Une longévité hors norme.
« C’est du matériel quasiment inusable » illustre ainsi Dominique Nizard, PDG du fabricant Pharmax. « Nous intervenons parfois sur du matériel qui a 30 ans » renchérit Jean-Jacques Delcamp, dirigeant du fabricant Herger S.A. En gros, on s’équipe une fois pour toutes en colonnes de tiroirs et on intervient si nécessaire en cas de souci. Mais cette longévité hors normes a un effet pervers, le marché tend à stagner. « Il y a une quinzaine d’années, nous proposions volontiers aux pharmacies des colonnes de tiroirs dans nos projets d’agencement » évoque Thierry Trasbot. « C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui, une fois sur dix maximum, alors que, par comparaison, des automates sont proposés dans 80 % des projets actuels. »
En matière de rangement, la demande des pharmacies est clairement orientée vers les automates, explique en substance le directeur commercial de l’agenceur. Constat partagé par Philippe Thiebaut, responsable du bureau d’études mobilier de l’agenceur Fahrenberger, pour qui les colonnes de tiroirs ont apporté de gros services aux pharmaciens, notamment une meilleure utilisation de l’espace très utile pour les produits de forte et moyenne rotation ainsi qu’une meilleure gestion des stocks, grâce à la création des microfiches associées aux colonnes de tiroirs dont Fahrenberger revendique la création. Depuis, l’informatique est arrivée, ainsi que les automates. Tout cela n’incite pas le marché à innover beaucoup, et si le matériel des colonnes de tiroirs est réputé solide, il évolue en revanche peu.
Profondeur utile.
Il existe néanmoins des innovations ponctuelles. L’initiative majeure prise par les fabricants semble être liée au gain de surface des tiroirs de rangement. En effet, longtemps ces tiroirs ont présenté l’inconvénient d’être d’une profondeur utile moindre que celle affichée par leur taille réelle car ne pouvant sortir de leur châssis au-delà d’une certaine profondeur, empêchant les personnels de pharmacies d’aller chercher les médicaments dans des conditions confortables. « Les pharmaciens n’aiment pas aller chercher au fond des tiroirs, surtout quand ceux-ci sont en hauteur, c’est juste bon à se casser les ongles » observe Jean-Jacques Delcamp. Ce problème n’existe plus aujourd’hui chez certains fabricants. « Nous disposons d’un système d’entraînement particulier qui évite la perte de 20 cm au fond de la colonne » explique ainsi Dominique Nizard. Même chose pour Herger SA, dont les tiroirs sortent complètement de leurs châssis. C’est la principale innovation apportée par les fabricants aux colonnes de tiroirs, le reste est représenté par des améliorations ponctuelles relatives à l’ergonomie générale de ces produits, comme par exemple la fermeture des tiroirs sans bruit ou le fait de ne pas avoir à pousser trop fort pour les fermer.
Les fabricants ont néanmoins continué de travailler sur les matières afin d’améliorer l’ergonomie et la solidité des colonnes de tiroirs. Herger SA a ainsi fait le choix de l’aluminium, matière considérée comme plus souple que l’acier et moins susceptible de se déformer au fil du temps. Pharmax utilise de l’acier avec une peinture époxy cuite au four. Farhenberger utilise également de l’acier laqué : « la peinture époxy cuite au four est d’une haute résistance » soutient Philippe Thiebaut. « Les bandes de roulement contiennent du graphite, une matière très résistante à l’épreuve du temps » précise pour sa part Dominique Nizard.
Volume et esthétique.
Les fabricants tentent également d’améliorer tout ce qui concerne le volume des médicaments ainsi stockés. Dans ce domaine, il n’y a pas de standards communs, même si on tend à aller vers des dimensions comparables, une hauteur autour de deux mètres, une largeur d’environ 40 cm, et une profondeur autour d’un mètre. Les fabricants disposent souvent de plusieurs gammes de taille, et se disent capables de faire du sur-mesure. « Il faut vendre une capacité de rangement » clame ainsi Jean-Jacques Delcamp. « Nous analysons la capacité de rangement et effectuons des recommandations en fonction de cette capacité. » Les pharmaciens vont volontiers vers les plus grands volumes selon Christian Charles. « 95 % des ventes sont représentées par des colonnes de grande taille » affirme-t-il. Les fabricants développent aussi des aménagements intérieurs dans les tiroirs de façon à ce que le travail des pharmaciens soit plus confortable et en tenant également compte de l’évolution des conditionnements des médicaments. Dernier élément sur lequel travaillent les fabricants, l’esthétique, certes non négligeable quand tout ou partie de ces colonnes tiroirs se trouvent dans l’espace commercial, mais moins importante dès qu’il se trouve en back-office. Ainsi ADF a-t-il choisi de travailler notamment avec l’Italien Icas dont il juge l’esthétique très performante. De nombreuses entreprises allemandes travaillent également sur ce marché dont les produits sont distribués en France par des agenceurs.
Côté facture, la plupart des prix sont compris entre 200 et 2 800 euros la colonne, les agenceurs sont réputés proposer des prix plus faibles que les fabricants en direct, mais c’est aux titulaires de négocier au mieux avec son fournisseur.
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