COMPTABILITÉ
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Dans une période incertaine sur le plan économique, marquée par une stagnation de l’activité des officines, est-il opportun de rénover sa pharmacie ?
PHILIPPE BECKER.- Paradoxalement, c’est souvent dans des périodes difficiles qu’il faut faire preuve d’audace. S’il est vrai que la grande majorité des officines a fait l’objet d’une sérieuse cure de rajeunissement dans les années 1990, force est aussi de constater que le goût du public change. Les commerces de proximité sont aujourd’hui en concurrence sur le couple prix/produits, mais aussi sur leur « look ». Il faut se démarquer, plaire au plus grand nombre et les pharmaciens ne peuvent échapper à cette évolution. Ajoutons que les évolutions législatives récentes sur les médicaments en vente libre doivent être désormais intégrées. C’est pourquoi une rénovation peut être opportune, en effet.
Quelle progression de chiffre d’affaires peut-on attendre d’une rénovation de l’officine ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Il y a beaucoup trop de paramètres en cause pour donner une prévision certaine. Mais, chaque fois qu’il y a une rénovation, on peut constater un effet positif sur le chiffre d’affaires et sur la marge commerciale, du fait d’une meilleure rotation des produits. On constate aussi et surtout une amélioration sensible de la productivité lorsque le pharmacien a réfléchi avec son agenceur à l’ergonomie des postes. Il faut le rappeler : la productivité en officine est souvent un point faible, et les travaux d’agencement sont une bonne occasion de tout remettre à plat en vue de mieux maîtriser le poste frais de personnel. Une bonne rénovation doit plaire à la fois aux clients, aux salariés et au titulaire.
Quel budget prévoir ?
PHILIPPE BECKER.- La fourchette est très large entre le simple « re-looking » et la refonte complète. Selon la qualité des matériaux utilisés et le mobilier installé, on peut compter sur un prix au mètre carré se situant ente 850 et 1 200 euros hors taxes. Tout doit être budgété sérieusement pour que le dossier soit financé correctement. Pour 120 mètres carrés, avec un budget de 150 000 euros, emprunté totalement, le remboursement sur 7 ans sera de 2 120 euros par mois au taux de 5 % l’an. Par conséquent, les gains espérés doivent être supérieurs à cette somme.
Les travaux peuvent-ils donner lieu à des baisses d’impôt ?
CHRISTIAN NOUVEL.- L’amortissement et les frais financiers induits par les travaux d’agencement sont souvent un moyen astucieux pour créer de la déduction fiscale qui aidera au remboursement de l’emprunt.
Par contre, en l’état actuel des textes, il ne faut pas négliger l’impact des travaux sur la base de la taxe professionnelle. Bien évidemment, si cet impôt est supprimé dans les prochaines années comme cela a été annoncé par le Président de la République, ce sera une bonne nouvelle à prendre en compte !
Quelles précautions prendre avant de se lancer dans l’aventure ?
PHILIPPE BECKER.- Tout d’abord bien choisir son agenceur qui doit, selon nous, être respectueux des demandes de son client et attentif à son budget. Le bon agenceur doit être une force de proposition sur tous les postes de travaux, tout en respectant le cahier des charges du pharmacien. Il est bon qu’il puisse être inventif et surtout faire en sorte que le résultat soit évolutif.
Ensuite, l’agenceur doit savoir intégrer les contraintes réglementaires et législatives de la profession et surtout respecter les délais. Nous sommes conscients, en posant toutes ces exigences, que cela fait beaucoup, mais c’est la condition de la réussite.
CHRISTIAN NOUVEL.- Le pharmacien ne doit pas oublier non plus de se renseigner sur la solidité financière de l’entreprise avec laquelle il va contracter. C’est essentiel dans une période économique aussi difficile. Attention au devis le moins cher : l’entreprise pourra t-elle dans ce cas finir le chantier ?
Ajoutons qu’il est impératif de faire un budget prévisionnel avec son cabinet comptable afin de mesurer les incidences financières. Enfin, le titulaire ne doit pas omettre de contrôler avec son notaire ou son avocat les contraintes posées par le bail commercial. Les propriétaires sont vigilants et jaloux de leurs prérogatives…
Comment finance-t-on les travaux actuellement ?
PHILIPPE BECKER.- Les travaux représentent un investissement de moyen ou long terme. La règle est de les financer sur leur durée de vie économique, soit totalement par un emprunt, soit en couplant un crédit-bail pour le mobilier avec un emprunt pour le gros œuvre. En toute hypothèse, on ne finance pas des travaux avec un crédit grossiste court terme !
Justement, quelle est la durée de vie économique des travaux de rénovation ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Cette durée de vie s’est fortement réduite depuis deux décennies. Du fait des attentes des consommateurs, et aussi parce qu’ils pratiquent souvent une politique d’enseigne par leur affiliation à un groupement, les pharmaciens sont obligés de refaire plus souvent leur officine. Les travaux sont donc plus rapprochés, mais aussi moins coûteux, car on ne refait souvent que ce qui est visible.
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