L'argent n'a pas d'odeur… mais il a une couleur. Le bleu. Voilà ce que nous rappelle cette mésaventure toxicologique, presque risible, si elle n'était si grave. C'est l'histoire de cet homme hospitalisé en urgence à Delémont (Suisse, Canton du Jura). Le patient se plaint d'importantes douleurs abdominales et de tachycardie en l'absence même de tout effort. Mais ce qui saute surtout aux yeux des urgentistes est la pigmentation marquée de sa peau. L'ensemble de son revêtement cutané est bleu foncé. Le malade n'est adepte ni du tatouage, ni du body-painting. Aussi les médecins établissent-ils très vite leur diagnostic. Pour eux, cela ne fait pas de doute, le malade souffre d'argyrie. Autrement dit, d'une grave intoxication par des particules d'argent. C'est le deuxième cas dans le même canton en quelques jours. Chaque fois, le même scénario se déroule. Le patient - qui a consulté aveuglément le « Dr Web » -, pense renforcer son système immunitaire en s'auto-administrant une solution d'argent colloïdale et finit aux urgences… L'imprudent, soigné actuellement à Delémont, est atteint au foie, mais aussi au cœur et a reconnu avoir pris oralement des particules d'argent diluées dans du lait. Le métal peut aussi s'accumuler dans les reins ou dans le cerveau et y causer des dégâts irréversibles. Irréversible également est la pigmentation de la peau qui restera bleue indéfiniment.
Interdites en Suisse en tant que médicament, les solutions d'argent colloïdal y sont vendues - ainsi que dans le reste de l'Europe - uniquement pour un usage externe, cutané, et non par voie orale. À noter enfin que le gluconate d'argent présent dans les solutions d'oligothérapie à des doses très faibles n'a heureusement pas du tout le même profil toxicologique que les solutions d'argent colloïdal… Même si les RCP de ces médicaments mentionnent bien à la rubrique « effets indésirables » : « De très rares cas d’argyrie ont été rapportés (discrète coloration gris ou bleu-gris des mains). »
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