Bien qu'étroitement liés, psoriasis et rhumatisme psoriasique (RPso) sont des pathologies inflammatoires chroniques dont les impacts sont distincts. Le psoriasis s'exprime principalement au niveau de la peau (dermatose) par des plaques rouges recouvertes de squames auxquelles s'ajoute une réaction inflammatoire expliquant les démangeaisons. Il est multifactoriel et sa prise en charge concerne le dermatologue. La pathologie est provoquée par l'association de facteurs génétiques, environnementaux, microbiologiques et immunologiques : l'interleukine-23 (IL-23) est au cœur de son déclenchement.
De son côté, le RPso impacte les articulations, les tendons et les enthèses (zones autour des articulations), l'atteinte axiale concerne le bassin et le rachis. L'inflammation des zones articulaires et péri-articulaires est responsable de douleurs, de gonflement et de raideur, puis de déformations et d'une fatigue chronique. Dans la majorité des cas s'ajoutent des lésions cutanées spécifiques du psoriasis. Sa survenue est sous la dépendance des mêmes facteurs que ceux du psoriasis. « Pour autant le RPso n'est pas la simple association du psoriasis cutané et d'un rhumatisme, mais une maladie à part entière qui emprunte la voie de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarthrite », précise le Pr Philippe Goupille, rhumatologue au CHU de Tours. Sa prise en charge principale relève d'un rhumatologue en tenant compte des éventuels traitements déjà en place pour les atteintes cutanées, dans la mesure où 75 % des patients qui en sont atteints ont un psoriasis ou un antécédent de psoriasis. L'atteinte cutanée précède l'atteinte articulaire chez au moins 80 % d'entre eux.
Regards croisés de deux spécialistes
Le diagnostic du psoriasis est en général facilement posé et sa prise en charge est bien maîtrisée grâce à des traitements innovants. Depuis une dizaine d'années, les biothérapies traitent de façon très satisfaisante les formes modérées à sévères. « L'obstacle majeur pour les patients est d'obtenir un rendez-vous en dermatologie, les délais s'allongent du fait de la baisse significative du nombre de dermatologues et pour les malades l'accès aux soins est devenu un véritable défi, en ville comme à l'hôpital », déplore le Dr Pierre-André Bécherel, dermatologue à l'hôpital privé d'Antony. Cette difficulté est moins marquée en rhumatologie, où le problème réside essentiellement dans la pose du diagnostic du RPso. « En dépit des douleurs très spécifiques, il reste difficile en raison de l'absence de biomarqueurs d'anticorps spécifiques. L'existence d'un psoriasis cutané peut orienter le diagnostic mais sa présence accompagnée de douleurs articulaires ne signe pas forcément un RPso, il peut y avoir confusion avec une arthrose. L'errance thérapeutique des patients est accentuée par une reconnaissance trop tardive des symptômes », constate le rhumatologue. Nombre de traitements prescrits par les dermatologues sont aussi utilisés par les rhumatologues et la collaboration entre les deux spécialistes existe depuis longtemps, au moins à l'hôpital. « Cependant, le RPso reste mal connu, insiste le Pr Goupille, l'amélioration de sa prise charge passe par une meilleure information des dermatologues, mais aussi des généralistes, sur les signes permettant d'orienter rapidement le patient vers le rhumatologue pour prévenir la survenue de déformations permanentes et handicapantes. »
75 % des patients atteints de rhumatisme psoriasique ont également un psoriasis ou un antécédent de psoriasis
L'engagement de Janssen dans ces deux pathologies se traduit par des initiatives concrètes comme Citizen Pso & Rhum Pso, un outil pédagogique sous forme d'escape game co-construit avec l'association France Psoriasis pour mieux comprendre ces maladies et lever les tabous. L'implication du laboratoire se décline aussi sous format digital via le site www.citizenpso.fr, qui contribue à améliorer la qualité de vie des patients et à briser leur isolement. Une nouvelle version de citizenpsoetrhumpso.fr est prévue début 2025 en intégrant de nouvelles énigmes sur le rhumatisme psoriasique.
D'après une conférence de presse de Janssen
Une enquête très révélatrice
Selon une enquête Opinionway*, le diagnostic de psoriasis ou RPso est trop long. Pour le psoriasis il a été posé après plus de 5 ans pour 31 % des personnes interrogées (48 % en moins de 3 ans) contre 24 % dans le RPso (43 % en moins de 3 ans). Dans trois quarts des cas c'est le diagnostic du psoriasis qui a été posé en premier.
Le médecin généraliste est cité majoritairement comme premier recours dans la prise en charge des deux pathologies – 62 % pour le psoriasis – suivi du dermatologue de ville (49 %), et 49 % pour le RPso suivi de la rhumatologie à l'hôpital (39 %). Cependant la qualité de la prise en charge est jugée plus satisfaisante quand elle est faite par un spécialiste.
L'information est jugée insuffisante, seulement 57 % des patients se sentent informés sur le psoriasis, le pourcentage chute à 20 % pour le RPso. Le lien entre les deux maladies n'est connu que pour 31 % des sondés. Les traitements par biothérapie sont connus par seulement 39 % mais seulement 14 % savent de quoi il s'agit précisément.
*Enquête menée en juillet 2024 sur 501 Français atteints de psoriasis ou RPso de moyenne d'âge 55 ans, dont 58 % de femmes. 20 % au sein de l'échantillon sont atteints des deux pathologies.
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