La sensibilisation à un aliment est beaucoup plus fréquente que l'allergie à l'aliment. La sensibilisation n'est le plus souvent que le témoin d'un terrain atopique et peut être considérée comme un marqueur prédictif d'une allergie ultérieure.
Entre 50 à 70 % des patients qui présentent une sensibilisation pour un aliment le tolère et son retrait incontrôlé peut s'accompagner d'une perte de tolérance. Si l'aliment est exclu à tort lors d'une simple sensibilisation sans signes cliniques d'allergie, sa réintroduction peut provoquer un risque de réaction grave, voire fatale.
Chez le tout jeune enfant, la prévention des allergies passe par une diversification précoce sans restriction, même pour les aliments à risque, en respectant les habitudes culturelles. L'étude PASTURE montre que l'eczéma entre les âges de 1 et 4 ans est d'autant plus fréquent que les nourrissons ont une diversification limitée. Six groupes d'aliments ont été considérés : légumes et fruits, céréales, pain, viande, gâteau, yogourt. Moins la diversité est importante avant l'âge de 1 an, plus les enfants développent jusqu'à l'âge de 6 ans de l'asthme, des sensibilisations et des allergies alimentaires. D'autres études de cohorte montrent qu'une faible diversité alimentaire entre 6 et 12 mois entraîne à l'âge de 5 ans une rhinite allergique et un asthme atopique ou non. De même, une consommation limitée et peu diversifiée de fromages entre 12 et 18 mois s'accompagne d'une augmentation de l'eczéma atopique à 6 ans.
Informer les familles sur la bonne introduction des aliments
Les nouveautés dans la prévention des allergies ont modifié les habitudes alimentaires familiales. Si un aliment est introduit pour la consommation par des membres de la famille, il est préférable de l'inclure dans l'alimentation du nourrisson. Aujourd'hui, les recommandations de nombreuses sociétés savantes incitent à introduire précocement l'arachide dans les populations identifiées à risque (eczéma sévère, allergie à l'œuf) après une évaluation allergologique du risque d'allergie. La question de l'introduction précoce d'autres allergènes fréquents comme les fruits à coques (noix de cajou, amande) reste ouverte.
En fait, l'enfant atopique se sensibilise par voie cutanée bien avant la diversification par le biais de l'exposition à ces différents allergènes dans l'environnement familial, par exemple lorsque ses parents consomment eux-mêmes des noix de cajou ou des cacahuètes. À notre époque où les régimes sans lait de vache et sans blé non justifiés sont fréquents chez les familles convaincues de l'intérêt d'un régime d'éviction, il semble plus efficace d'équilibrer les apports alimentaires en s'aidant si nécessaire d'une diététicienne. Plutôt que de condamner ce régime, il est préférable de leur proposer une introduction lente du ou des aliments exclus pour faciliter l'acquisition d'une tolérance et éviter le développement d'une allergie alimentaire chez leur enfant. Les préconisations sont d'autant mieux suivies qu'elles sont en accord avec les habitudes des populations concernées.
Le groupe Allergies alimentaires de la Société française d'allergologie travaille à un projet de programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national d'immunothérapie préventive pour l'arachide, la noix de cajou et la noisette chez des nourrissons à risque atopique.
D'après une conférence des Drs E.Bidat et G. Benoist. Congrès francophone d'allergologie. Paris avril 2019.
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