« S’IL Y A ENTRE la biologie et les sciences humaines des relations parfois tendues liées à la crainte de voir les biologistes annexer cette discipline, il est clair que le champ des neurosciences sociales ne cesse de se développer. L’apport de la biologie darwinienne aux sciences sociales est déjà important et reconnu, mais les neurosciences permettent une étude plus précise des mécanismes grâce à des outils nouveaux et puissants comme l’imagerie cérébrale », a déclaré Yves Christen, directeur de la Fondation Ipsen, en marge du 21e colloque Médecine et Recherche intitulé « Nouvelles frontières en neurosciences sociales » qui s’est tenu le mois dernier à Paris.
Issue des neurosciences qui étudient traditionnellement le cerveau de manière isolée, la nouvelle discipline des neurosciences sociales s’emploie à démontrer comment l’influence des facteurs sociaux sur les individus exerce un effet crucial sur la structure et les fonctions du système nerveux. L’idée majeure qui domine depuis de nombreuses années et qui ne cesse de se renforcer au fil des découvertes est celle du « cerveau social », énoncée par le Britannique Robin Dunbar, anthropologue et biologiste de l’évolution, spécialisé dans le comportement des primates.
Les réseaux de neurones.
Il a mis en évidence, il y a une vingtaine d’années, que le volume du néocortex chez chaque espèce est en rapport avec la taille des groupes sociaux qu’elle forme. Les espèces solitaires sont ainsi dotées d’un cortex plus petit que celles vivant en groupe élargi, comme le montrent bien les changements qui s’opèrent chez le criquet pèlerin lorsqu’il devient grégaire. Cette augmentation est liée au développement de différents types de réseaux de neurones qui ont directement à voir avec la compétence qui permet de comprendre l’état mental d’autrui. L’animal se restructure donc pour avoir à gérer une nouvelle configuration du monde dans lequel il va devoir interagir avec des milliers de ses congénères.
Dans le prolongement de ces observations, l’établissement du « nombre de Dunbar » dont la valeur admise est de 150, a permis une mesure de la limite cognitive du nombre de personnes avec lesquelles un individu peut avoir des relations stables. Yves Christen rappelle d’ailleurs qu’« il est remarquable de constater que de très nombreuses structures humaines dont on peut observer qu’elles fonctionnent de manière optimale sont effectivement constituées d’un nombre d’individus qui est très proche de celui de Dunbar. Cela donne une idée de ce que pourrait être la taille d’un groupe qui serait en adéquation avec ce pour quoi les humains sont physiologiquement faits. »
Bien qu’encore jeunes, les neurosciences sociales ne cessent d’élargir leur champ d’investigation et démontrent au fil des études menées leur puissant potentiel d’analyse des comportements très élaborés qui caractérisent la vie humaine. Au-delà des nouveaux éléments de compréhension qu’elles apportent sur l’évolution de notre organisation sociale, elles laissent également penser que la mise au point de nouvelles thérapeutiques adaptées à certains troubles de la sociabilité est désormais un horizon envisageable.
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