Au-delà de l’augmentation de l’incidence des cancers les plus fréquents (colorectal, poumon, sein et prostate), leur pronostic est globalement moins favorable chez le sujet âgé. Les raisons qui président à cet état de fait sont multiples. À l’arrêt du dépistage organisé « qui ne signifie pas l’arrêt du risque », s’ajoute ainsi « une banalisation des symptômes par le patient, son entourage et les professionnels de santé eux-mêmes », explique le Pr Falandry, oncologue et gériatre au Centre hospitalier Lyon Sud.
À titre d’exemple, elle cite ainsi le retard du diagnostic du cancer colorectal, souvent tardif au sein de cette population, pouvant notamment résulter du fait que « les troubles du transit sont considérés comme normaux à ces âges ». Une moindre plainte associée à une forme de déni, de même que la réticence de certains prescripteurs vis-à-vis des examens paracliniques complètent le tableau du diagnostic des cancers chez le sujet âgé que le Pr Falandry résume par cette formule : « Plus tard, plus grave, moins bien ».
Selon elle, « l’arrêt du dépistage organisé de certaines formes de cancers après 74 ans et le manque de relais par un dépistage individuel a des conséquences notables ». De fait, « on voit très clairement sur les courbes d’incidence du cancer du sein un rebond après 80 ans », indique le Pr Falandry qui ajoute qu’il « s’agit souvent de formes souvent plus avancées que celles qui sont diagnostiquées chez des femmes plus jeunes ».
Éviter le déconditionnement en cascade
Une fois le diagnostic posé, le Pr Falandry explique qu’ « il est fondamental de prendre la mesure du risque majeur qui pèse sur le patient âgé à la prise en charge de son cancer : le déconditionnement en cascade qui aboutit à l’hospitalisation et/ou l’institutionnalisation ». Selon elle, l’élément clé réside alors dans la mise en œuvre d’une « évaluation gériatrique multidimensionnelle assortie d’un plan d’action » afin d’« éviter cette cascade gériatrique en ayant une attitude préventive sur les axes sur lesquels on a prise ».
Il faut alors prendre en considération « le risque fréquent de dénutrition et les aspects fonctionnels pour notamment prévenir la sarcopénie et la chute ». La vigilance vis-à-vis de la iatrogénie médicamenteuse est également importante et « il faut souvent opérer une révision de l’ordonnance pour éviter, par exemple, un surtraitement de l’hypertension, bien évaluer le rôle des psychotropes et plus globalement de tous les médicaments qui risquent d’interagir avec les traitements anticancéreux », prévient le Pr Falandry. De même, il convient de « ne pas surdiagnostiquer les troubles cognitifs, bien écouter la plainte mnésique antérieure à l’annonce du cancer et considérer la prévalence importante de la dépression qui est souvent étroitement intriquée et favorise la survenue d’une dénutrition ».
De manière générale, le Pr Falandry estime que « le diagnostic précoce des cancers les plus fréquents et la reprise en main du dépistage par les médecins généralistes après la fin du dépistage organisé sont des enjeux d’une médecine trop en silos en France ». Elle explique ainsi qu’il est « important d’intégrer la demande des patients et de considérer par ailleurs que l’arrêt du dépistage chez une personne qui a eu l’habitude de ce suivi peut entraîner chez elle un retentissement psychologique négatif ». Enfin, elle rappelle que la multidisciplinarité est clairement « un enjeu majeur pour l’optimisation des parcours de ces patients ».
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