Les visages de l’acné
L’acné est la conséquence d’un triple phénomène cutané associant une surproduction de sébum, l’obstruction du follicule pilo-sébacé et l’inflammation avec la prolifération de bactéries comme C. acnes (cutibacterium acnes). La maladie de peau, typique de l’adolescence, investit généralement plusieurs zones du visage (nez, front, menton) mais peut aussi atteindre le haut du dos et le torse.
Elle adopte deux formes principales, rétentionnelle ou inflammatoire, souvent associées. La première se traduit par une multiplication des comédons - sous l’aspect de points noirs - et de petites élevures cutanées couleur peau, les microkystes. L’acné inflammatoire, pour sa part, laisse apparaître diverses formes de lésions inflammatoires, papules et pustules (boutons blancs) ou nodules pour les formes les plus sévères. Différents traitements seront proposés pour prendre en charge la maladie selon l’intensité des manifestations – acné très légère, légère, moyenne, sévère, très sévère*.
Topiques, systémiques, quels traitements ?
Le traitement est choisi en fonction de la sévérité de l’acné. On commence en général par une crème traitante à appliquer selon la nature prédominante des lésions, rétentionnelle ou inflammatoire. Il s’agit de peroxyde de benzoyle ou de rétinoïdes, sous forme de crème ou de gel, que l’on peut associer dans le cas de lésions mixtes. Le premier dispose principalement d’une action anti-inflammatoire, les seconds agissant sur l‘obstruction de l’orifice du follicule pilo-sébacé (comédolytique). « Ces traitements peuvent irriter la peau, prévient le Pr Beylot-Barry, d’où l’intérêt d’adapter la fréquence des applications et de bien hydrater en utilisant une crème émolliente qui va rééquilibrer la barrière cutanée. »
Face à une acné sévère, on peut avoir recours à deux types principaux de traitements généraux : les antibiotiques de la famille des cyclines agissent sur l’inflammation et sont généralement prescrits pendant deux ou trois mois. « Ils sont efficaces mais peuvent être suivis d’une récidive à l’arrêt » ; l’isotrétinoïne est un dérivé de la vitamine A qui possède une action anti-inflammatoire et antiséborrhéique.
Traitement majeur utilisé dans les cas d’acné sévère ou qui ne répondent pas aux cyclines, il est très encadré dans sa prescription. « Il provoque un assèchement très important de la peau durant les premiers mois de traitement qui doit être compensé par l’application renouvelée de crème hydratante sur le visage, le corps et les lèvres. » Il impose, par ailleurs, le respect d’une stricte contraception – ainsi qu’un test de grossesse mensuel et la signature d’un accord de soin et de contraception – et l’instauration d’un suivi attentif du patient – des troubles de l’humeur plus ou moins prononcés ont été décrits.
Une dermocosmétique bienvenue
L’hydratation de la peau est essentielle en accompagnement des traitements topiques à base de peroxyde de benzoyle, de rétinoïdes ou d’une prescription d’isotrétinoïne qui provoquent, à différents degrés, un dessèchement cutané. « Souvent, les adolescents considèrent qu’une crème émolliente va graisser la peau, ce qui est faux. Il est nécessaire de le leur expliquer en précisant que le traitement est appliqué le soir et la crème hydratante le matin. » Protéger l’épiderme implique aussi d’éviter l’utilisation de produits irritants comme les lotions toniques alcoolisées ou les gommages abrasifs.
Pour l’hygiène du visage et du corps, on privilégiera les nettoyants doux, syndet ou eau micellaire que l’on trouvera au sein de l’offre dermocosmétique classique ou spécifique pour peaux dites grasses. Le maquillage – crème teintée, poudre compacte - n’est pas déconseillé aux sujets acnéiques tant que les formules ne sont pas trop épaisses et occlusives afin de ne pas favoriser la rétention.
Les bons gestes
Si l’exposition au soleil n’est pas contre-indiquée pour les peaux acnéiques, il est conseillé d’y associer l’application d’une protection solaire, ce pour deux raisons principales : d’une part, afin d’éviter le fameux effet rebond qui peut réveiller des manifestations inflammatoires de l’acné, un temps atténuées par l’exposition aux UV, redoubler d’intensité par la suite ; d’autre part, les traitements contre l’acné sont souvent photosensibilisants et imposent l’utilisation d’une protection solaire.
Raison pour laquelle il est aussi préférable d’appliquer les traitements en crème le soir. Quant aux diverses tentatives pour percer boutons et comédons, elles sont particulièrement déconseillées sous peine de provoquer un éclatement de la lésion vers l’intérieur de la peau avec pour résultat un bouton bien pire qu’à l’origine.
Combattre les idées fausses
De nombreuses informations liées aux problèmes d’acné circulent sur les réseaux sociaux. Certaines contribuent à entretenir de fausses idées sur la question. « Non, on ne peut pas recommander l’application de dentifrice pour traiter les boutons ! » Il n’existe pas non plus de lien avéré entre alimentation et acné ni de rapport entre l’ingestion de chocolat ou de saucisson et l’apparition de boutons. « Une seule étude a été publiée mettant en cause une consommation excessive de produits.
Article réalisé en collaboration avec le Pr Marie Beylot-Barry, CHU de Bordeaux, vice- présidente de la SFD et du Groupe Dermatoses Faciales de la SFD.
* Voir les recommandations de prise en charge de l’acné proposées sur le site de la Société française de dermatologie https://reco.sfdermato.org/fr/recommandations-acné.
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