S'attaquer à une grande cause de santé publique et améliorer l'accès aux soins tout en s'inspirant du modèle du fast-food, le projet était audacieux.
Govindappa Venkataswamy l'a mené. C'est en assistant à une conférence à l'« université du hamburger » de Chicago que le co-fondateur de la chaîne indienne d'ophtalmologistes solidaires, Aravind, en a eu l'idée. Comme une illumination. Le système Aravind repose ainsi sur le principe visant à générer des volumes très importants d'interventions chirurgicales pour en diminuer les coûts. De la même façon que Mc Donald compense par le volume de vente, le coût unitaire modeste de ses hamburgers. Avec 8,9 millions d'aveugles, l'Inde est l'un des pays du monde les plus touchés par la cécité. La cataracte y fait des ravages, notamment en zones rurales où l'accès aux soins est particulièrement difficile. Voilà pourquoi Aravind a développé des campagnes itinérantes de consultations ophtalmologiques gratuites auxquelles ont accès les plus démunis. Les médecins y dispensent soins et traitements. Ils vont même au-delà, car dans de nombreux cas l'intervention chirurgicale s'impose. Les patients font alors la queue pour bénéficier, gratuitement, de l'opération qui leur rendra la vue. Les interventions durent en moyenne 15 minutes et les patients n'ont pas une roupie à débourser. Pour arriver à ce résultat, Aravind a conçu un dispositif de formation de ses soignants rigoureux et efficace. Dans ces laboratoires d'entraînement, les chirurgiens se font la main sur des yeux de chèvre pour perfectionner le geste et limiter le nombre des complications. Et ça marche ! Le taux de complications des malades opérés par Aravind est inférieur à deux pour 10 000, alors qu'il varie de 4 à 8 pour 10 000 en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Pour charitable qu'elle soit, cette initiative n'est pas pour autant dépourvue de « business model ». Aravind explique : « Nous nous servons des revenus générés par les soins et les consultations payés par des malades qui en ont les moyens pour couvrir les traitements des plus désargentés. » Une solidarité nationale privatisée en quelque sorte.
Avec AFP
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