Face au succès des compléments alimentaires, les National Institutes of Health (NIH) ont évalué l’association entre prise régulière de multivitamines et baisse du risque de mortalité. Les chercheurs ont épluché les données sur vingt ans de 390 124 adultes américains en bonne santé, pour conclure à l’absence de bénéfices des multivitamines chez l'adulte. Aux États-Unis, un adulte sur trois déclare en consommer pour leur santé, et notamment prévenir les maladies ; avec une prévalence plus élevée chez les adultes plus âgés, les femmes, les Blancs non hispaniques et les personnes ayant fait des études supérieures. Leurs résultats sont publiés dans le Jama Network Open.
Parmi les biais possibles, celui du phénomène de « l’utilisateur sain » qui, au-delà de prendre des compléments, a un mode de vie plus sain
Les conclusions des études étaient jusque-là mitigées, « en partie à cause de la durée de suivi limitée et du manque de validité externe », expliquent les auteurs. Outre la taille et la durée des études retrouvées dans la littérature, l’équipe pointe plusieurs biais dont celui du phénomène de « l’utilisateur sain » qui, au-delà de prendre des compléments, a un mode de vie plus sain et se préoccupe de sa santé. La consommation de compléments peut varier au cours de la vie, par exemple un patient malade peut décider de l’augmenter.
Dans cette étude portant sur trois cohortes, les auteurs ont pu évaluer de façon répétée l’usage des multivitamines, et ont pu « explorer systématiquement les sources de biais qui contribuent à l'incertitude entourant l'association entre l'utilisation des multivitamines et la mortalité ».
164 762 décès survenus au cours du suivi
Les chercheurs du National Cancer Institute, mandatés par les NIH, ont analysé les données de trois cohortes suivies pendant 20 ans totalisant 390 124 adultes sans antécédent de cancer ni autres maladies chroniques, soit l’équivalent de 7 861 485 personnes-années de suivi. Ils se sont intéressés à la consommation régulière de multivitamines sur le long terme, la mortalité globale et la mortalité due aux maladies cardiovasculaires et au cancer. Les participants étaient âgés en médian de 61,5 ans et à 55,4 % des hommes.
Au total, 164 762 décès sont survenus au cours du suivi, parmi lesquels 49 836 attribués aux cancers, 35 060 aux maladies cardiaques et 9 275 aux maladies cérébrovasculaires.
Parmi les utilisateurs quotidiens de multivitamines, 11 % étaient des fumeurs, 49,3 % étaient des femmes et 42 % avaient fait des études supérieures, contre respectivement 13%, 39,3 % et 37,9 % chez les non-utilisateurs. Les participants qui prenaient des multivitamines étaient plus susceptibles de prendre d’autres compléments alimentaires, d’avoir un indice de masse corporelle plus faible et de consommer des aliments de meilleure qualité.
Après ajustement, l’analyse montre que les individus qui prenaient quotidiennement des multivitamines ne présentaient pas un risque plus faible de décès toutes causes confondues ainsi que par cancer, maladies cardiaques ou maladies cérébrovasculaires. Le hazard ratio ajusté multivariable pour la première moitié de période de suivi était de 1,04 pour la première période de suivi (1993-2001) et pour la seconde (1998-2004).
Les auteurs concluent ainsi à « l’absence de bénéfice sur la mortalité », quels que soient l’origine ethnique, le niveau d’éducation ou le régime alimentaire.
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