Avec 385 000 nouveaux cas par an en France, la lutte contre le cancer est l'une des grandes priorités pour 2017. « La panoplie des nouvelles techniques ne cesse de s'élargir et de s'enrichir. L'INCa reste ouvert à tous les champs d'action possibles, de la prévention à la recherche, avec un souci d'équité, de sécurité des soins et d'accès à l'innovation pour tous », déclare Norbert Ifrah, président de l'INCa. L'approche n'est pas que médicamenteuse et il est important de faire connaître les progrès réalisés en radiothérapie qui vit une vraie mutation avec des systèmes de radiations plus efficaces et moins toxiques.
Thierry Breton, directeur de l'INCa, insiste sur l'importance de la qualité et de l'indépendance de l'expertise. « Nos projets sont de constituer une commission des expertises et de nommer un déontologue externe. Nous souhaitons renouveler notre comité de démocratie sanitaire et donner la parole aux usagers. » L'accent sera mis sur le sujet cancer/emploi avec la création du club des entreprises pour développer une charte d'engagements visant à mettre en place des dispositifs de maintien et de retour en emploi des personnes touchées par le cancer. Le Dr Jérôme Viguier, directeur du pôle santé publique et soins, rappelle l’avancée que constitue le droit à l’oubli auprès des assureurs. La première grille de référence concerne actuellement cinq types de cancers et l'hépatite C. De nouvelles références sont à prévoir.
L'organisation des soins
Les programmes de dépistage vont évoluer avec un travail de généralisation du dépistage du cancer du col et une recherche directe des papillomavirus avec le test HPV ; la mise en application se fera en janvier 2018. Pour le cancer du côlon, cinq millions de tests immunologiques ont été réalisés à la fin de la première campagne 2016 ; une nouvelle campagne de communication est prévue en mars 2017 en insistant sur la place de la coloscopie. L'INCa maintiendra son effort sur la prévention primaire en établissant une hiérarchisation des facteurs de risque ; ils sont sous-évalués et pourtant ils pourraient éviter 40 % des cancers. La généralisation de la prévention tertiaire (pour éviter une rechute après un premier cancer) va s'intensifier avec des axes prioritaires comme le sevrage tabagique et la prescription de l'activité physique dans le parcours de soins.
Le virage ambulatoire va s'accompagner d'un référentiel en quatre étapes pour identifier qui intervient dans les prises en charge et qui se retrouve en difficulté et à quel moment : la primo consultation par le médecin généraliste, la dispensation en pharmacie, le suivi en ambulatoire, l'éducation thérapeutique. Une saisine sur les soins de support va permettre de définir un panier minimum des soins indispensables pour le patient, en insistant sur une prise en charge de qualité de sa douleur. Muriel Dahan, directrice des recommandations et du médicament, confirme que l'institut sera particulièrement attentif pour garantir une égalité de prise en charge et anticiper l'arrivée de nouvelles molécules pour connaître leur impact avec plus de visibilité. « L'actualisation et la continuité des recommandations et des formations à l'attention des médecins généralistes et des pharmaciens se poursuivent avec des outils pratiques spécifiques, des guides synthétiques cancer info, des fiches transversales, le renforcement du lien ville-hôpital. »
Les nouvelles immunothérapies anticancéreuses
Les avancées du pôle de recherche INCa suivent la piste du déverrouillage de la réponse immunitaire. La révolution de l'immunothérapie a été inaugurée par le développement d’anticorps monoclonaux spécifiques capable de stimuler le système immunitaire. Plus récemment, ont été mis au point des anticorps monoclonaux bispécifiques capables non seulement de reconnaître la cellule tumorale mais d'attirer la cellule lymphocytaire spécifique qui va la tuer. L’immunomodulation antitumorale est aujourd’hui une stratégie très prometteuse pour les tumeurs très agressives. Dans toute réponse immunitaire, il y a un ou plusieurs freins et accélérateurs. En schématisant, la cellule tumorale est capable d’appuyer sur la pédale de frein, notamment en désarmant le lymphocyte T. Elle échappe à la vigilance du système immunitaire en verrouillant certains de ses points de contrôle. Ces verrous, appelés check points immunologiques, sont des molécules capables d’orienter la réponse immunitaire soit vers une réponse efficace, soit vers un silence immunologique. En fait, ils modulent l’activation lymphocytaire mais, dans certaines situations, ils peuvent empêcher le système immunitaire de contrôler et d’éliminer les cellules cancéreuses. De nouvelles immunothérapies ont été développées pour cibler ces check points et débloquer le système immunitaire contre les cellules tumorales. Cette approche a été évaluée et validée dans le cadre du mélanome métastatique. Tout n’est pas résolu, mais le blocage des check points immunologiques, seul ou associé à d’autres traitements antitumoraux tels que les thérapies ciblées, pourrait bien devenir une option thérapeutique contre les cancers agressifs dans un avenir proche.
D'après une conférence de presse de l'Inca.
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