LA FRC rassemble douze associations dédiées aux maladies du cerveau, représentant chercheurs et patients. Elle collecte des fonds, en complément des associations membres, pour financer des projets de recherche multidisciplinaires. Elle milite aussi pour la mise en place d’une vraie politique de santé pour ces pathologies handicapantes et chroniques qui coûtent cher à la société. « Les maladies du cerveau sont sous-estimées malgré des enjeux sociétaux bien réels avec l’avancée en âge de la population. 20 à 25 % des femmes atteignant l’âge de 85 ans souffrent d’une forme de démence, et il est de notre devoir de préserver la qualité du vieillissement », déclare Arnaud Brunel, président de la FRC. En Europe, les maladies du cerveau concernent 25 % de la population, avec une prévalence de 10 à 12 % pour les maladies neurologiques et de 15 % pour les troubles psychiatriques ; les coûts de santé globaux représentent 480 milliards d’euros. Si ces chiffres sont ramenés à la France, les coûts de santé directs et indirects de ces pathologies s’élèvent à environ 60 milliards d’euros, dont 28 milliards pour les maladies neurologiques et 32 milliards pour les troubles psychiatriques. Ce coût économique alourdit le fardeau médical et social et il devient urgent d’inciter les pays membres à mieux coordonner et optimiser les ressources allouées à la recherche.
Le fonctionnement du cerveau est loin d’être élucidé et maîtrisé : analyser et intégrer la complexité du système nerveux pour mieux comprendre les bases neurales des fonctions cognitives et des comportements est le défi majeur des neurosciences. La France peut s’enorgueillir d’avoir des équipes de chercheurs de renommée internationale en neurosciences. Elle compte 3 300 chercheurs de haut niveau sur les 15 0000 que l’on dénombre en Europe. Mais le budget de la recherche en neurosciences sur le sol français est d’environ 200 millions d’euros, contre 798 milliards d’euros en Europe. « À cause de ce déficit de moyens accordés, la France prend du retard, s’inquiète le Pr André Nieoullon, président du conseil scientifique de la FRC, elle doit regagner sa place grâce à un effort très important à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif. » Le professeur appelle à une action politique forte et à la création d’un « Plan Cerveau » pour coordonner toutes les actions qui, actuellement, sont éparpillées au sein des différents plans : AVC, Alzheimer, Autisme…
Proposer de nouvelles options thérapeutiques.
« Les maladies du cerveau ont de nombreux points communs, et donc des attentes communes, souligne le Pr Catherine Lubetzki, vice-présidente du conseil scientifique. Le fait de progresser sur une maladie est bénéfique pour les autres, mais, aujourd’hui, on manque de visibilité. Il faut apprendre à coordonner raisonnablement les sensibilités de chaque secteur de recherche au sein d’une approche globale. » Promouvoir en amont la recherche fondamentale sur le développement et le vieillissement du cerveau, soutenir des programmes cliniques transversaux et pluridisciplinaires, et développer des projets translationnels pour passer du laboratoire au lit du malade, sont les grands enjeux de la FRC. Il est essentiel également d’identifier des marqueurs précoces et des cibles thérapeutiques. « L’autre maillon faible est l’absence d’innovation thérapeutique de rupture, l’ensemble des médicaments disponibles ont plus de vingt ans et on tourne toujours autour des mêmes molécules », déplore le Pr Lubetzki, qui dénonce le peu d’intérêt de l’industrie pharmaceutique pour la recherche sur les neurosciences, faute de rentabilité à court terme. Actuellement, la dotation est raisonnable, mais elle n’est pas à la hauteur des enjeux et les pouvoirs publics ne font que des avancées timides et repoussent cette priorité.
Dans ce contexte, la FRC tire la sonnette d’alarme et rappelle les avancées importantes obtenues dans le domaine du cancer grâce à un pilotage de la recherche au niveau national et à des investissements considérables. « Il est devenu nécessaire de fournir les mêmes efforts pour les maladies du cerveau, réclame le Pr Nieoullon. Il est du devoir de la France d’avancer encore plus vite dans ses recherches et de rejoindre le programme américain du président Obama, qui vient d’annoncer un gigantesque travail pour établir une carte du cerveau, ou l’exemple de la Suisse, qui a lancé depuis trois ans la construction d’un supercomputer capable de stimuler le fonctionnement du cerveau. » La FRC lance une alerte à l’occasion de la Semaine du Cerveau (voir encadré) avec le thème « La décennie à venir doit être celle du cerveau ».
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques