Si cela fait déjà plusieurs années que la consommation d'antibiotiques a baissé en France, 2020, marquée par le Covid, a vu cette tendance s’accentuer. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, les prescriptions d'antibiotiques ont été de 18 % inférieures à ce qui était attendu et la consommation a chuté de près de 20 % l'an dernier par rapport à 2019.
En un an, cette baisse est donc équivalente à celle enregistrée sur toute la période 2009-2019. Gestes barrières, quasi-absence de certaines infections courantes (respiratoires notamment), confinements, plus grande difficulté à consulter un médecin sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi les patients ont moins eu recours à l'antibiothérapie. Si toutes les classes d'antibiotiques ont connu une baisse en 2020, la consommation a, dans l'ensemble, « été peu impactée par le Covid-19 », souligne toutefois Santé publique France.
80 % des antibiotiques prescrits en ville
C'est surtout une catégorie en particulier qui a enregistré une baisse notable : les pénicillines à large spectre (et donc l'amoxicilline en premier lieu). Une classe d'antibiotiques qui représentait à elle seule 34,2 % de la consommation totale en doses définies journalières (DDJ) en 2020. Alors que leur consommation avait augmenté continuellement entre 2010 et 2019 (+55,2 %), à l'inverse des autres classes d'antibiotiques donc, elle s'est effondrée l'an passé (de 8,6 prescriptions journalières pour 10 000 habitants en 2019 à 6,2 en 2020).
Malgré cette baisse sensible, dont l'ampleur est peut-être en grande partie due à un phénomène ponctuel, la consommation d'antibiotiques en France reste supérieure de près d'un tiers à la moyenne européenne. Au cours des prochaines années, « il faudra établir si la pandémie a modifié les comportements et a contribué à renforcer le respect des mesures d’hygiène », souligne Philippe Cavalié, coauteur de l’étude publiée par Santé publique France. « Dans ce cas, une moindre utilisation des antibiotiques pourrait être durablement observée », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, environ 80 % des antibiotiques sont prescrits en ville (70 % par les généralistes et 10 % par les chirurgiens-dentistes) et 20 % dans les établissements de santé. Un tiers de ces 20 % est prescrit aux patients hospitalisés, et le reste essentiellement lors des consultations, d’un passage aux urgences ou à la sortie d’hospitalisation du patient. Selon plusieurs études, environ la moitié des prescriptions d’antibiotiques sont jugées inutiles ou inappropriées, qu'il s'agisse du choix de l’antibiotique ou de la durée de traitement.
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