Faut-il mettre en place un dépistage sanguin systématique de l’infection à cytomégalovirus pendant la grossesse afin de prévenir la transmission de ce virus de la mère à l’enfant ? C’est à cette question que vient de répondre, par la négative, le Haut Conseil de la santé publique.
L’infection à cytomégalovirus (CMV) est souvent asymptomatique mais peut être grave pour le fœtus lorsqu’elle est acquise durant la grossesse. Ces infections fœtales concernent en France 1 à 6 pour 100 000 nouveau-nés et peuvent être responsables de décès in utero ou d’anomalies graves ou modérées dans environ 10 à 18 % des cas (surdité, retard intellectuel, cécité, troubles du développement).
Récemment, la question de dépister l’infection à CMV chez les femmes enceintes a été posée au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), car un traitement pourrait être possible, en administrant aux femmes enceintes du valaciclovir pour diminuer la transmission materno-fœtale. Toutefois, le HCSP conclut qu’il ne faut pas généraliser de dépistage, jugeant que le traitement proposé n’a pas suffisamment fait preuve de son efficacité et de son innocuité : « Les effets indésirables (maternels), les incertitudes sur un traitement au long cours et à forte dose sur le devenir du fœtus et la lourdeur du traitement (8 comprimés par jour pendant plusieurs mois) sont des inconvénients notables », analyse le HCSP. D’autres raisons viennent étayer la recommandation de ne pas généraliser le dépistage. Notamment, car les tests de dépistage sanguins, qui sont certes performants, permettent seulement de repérer les primo-infections (chez des personnes antérieurement séronégatives pour le CMV), mais ils ne détectent pas les infections secondaires, c’est-à-dire chez les femmes ayant rencontré le virus avant la grossesse (réinfections et réactivations), alors qu'elles peuvent transmettre aussi fréquemment le virus à leur enfant.
En revanche, le HCSP recommande de promouvoir les mesures d’hygiène en communiquant plus auprès des professionnels de santé, des femmes et de leurs conjoints.
La contamination peut se faire par les larmes, la salive ou les urines de jeunes enfants. Afin de limiter le contact avec ces sécrétions, il est recommandé aux femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse, leur conjoint et leur entourage de :
- Ne pas sucer la cuillère ou la tétine, et de ne pas goûter ou finir le repas des enfants de moins de 3 ans ;
- Ne pas partager les affaires de toilette (gant de toilette, serviette) avec des enfants de moins de 3 ans ;
- Ne pas embrasser sur la bouche ou les larmes des enfants de moins de 3 ans, et de limiter le contact buccal avec les larmes et/ou la salive des enfants de moins de 3 ans ;
- Se laver soigneusement les mains à l'eau et au savon après chaque change ou contact avec les urines ou après chaque contact avec la salive ou les sécrétions nasales des enfants de moins de 3 ans ;
De plus il est recommandé d’utiliser un préservatif en cas de changement de partenaire ou en cas de suspicion d’infection à CMV chez le conjoint, l’infection pouvant également se transmettre par le sperme et les sécrétions vaginales.
Mais ces messages d’hygiène sont insuffisamment connus des femmes enceintes. Selon l’Enquête nationale périnatale de 2021, seulement 16 % des femmes déclaraient avoir reçu des conseils pour limiter la transmission du CMV.
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