Il arrive ! Après un développement éclair, le molnupiravir devrait être disponible dans les officines françaises dans les tout prochains jours. Son objectif ? Traiter les patients positifs au Covid et présentant certains signes de comorbidité et/ou des facteurs de risque augmentant le risque d’évolution vers une forme sévère.
D'ici à quelques jours cet antiviral passera donc entre les mains des officinaux. Voilà qui justifie bien une présentation détaillée du nouveau venu. Qui n'est d'ailleurs pas si nouveau que ça… Cet antiviral à large spectre, le molnupiravir (MK-4482, Laboratoire Merck), a en effet une longue histoire puisqu’il fut testé dès les années 1980 comme antivarioleux. À partir de 2013, l’équipe de George Painter à l’Emory Institute for Drug Development (Atlanta) étudia cette molécule pour contrer le virus agent de l’encéphalite équine vénézuélienne - une possible arme de lutte biologique. Il fut ensuite testé contre divers virus tels ceux de la grippe, des hépatites, et se montra efficace à l’égard des virus de plusieurs familles (Togavirus, Flavivirus, Pneumovirus, Orthomyxovirus) mais aussi contre divers Coronavirus tels le SRAS-CoV-1, le MERS-CoV et… le SARS-CoV-2, agent infectieux responsable de la pandémie de Covid.
800 mg toutes les 12 heures durant 5 jours
Le molnupiravir est une prodrogue : il livre in vivo un dérivé nucléosidique (la N4-hydroxycytidine ou NHC) métabolisé en sa forme active triphosphate. Celle-ci se substitue à la cytidine triphosphate ou à l'uridine triphosphate comme support de l'enzyme ARN polymérase ARN-dépendante. Cette substitution engendre des erreurs lors de la réplication de l'ARN (cet antiviral est en cela proche notamment de la ribavirine).
Administré dans l’essai validé par l’Agence européenne des médicaments (EMA) à la dose de 800 mg toutes les 12 heures durant 5 jours, le molnupiravir a réduit le risque d'hospitalisation et de décès lorsque le traitement a été initié dans les 5 jours suivant le début des symptômes. Environ un mois après son début, 7,3 % des patients (28 sur 385) ayant pris l’antiviral vs 14,1 % (53 sur 377) des patients ayant pris le placebo avaient été hospitalisés ou étaient décédés et aucun des patients du groupe molnupiravir n'était décédé vs huit patients du groupe placebo. Approximativement, en traitant ainsi 15 sujets avec du molnupiravir, on évite donc un décès ou une hospitalisation et on limite la saturation des unités de soins spécialisés. Une promesse d'efficacité malheureusement un peu écornée par de récents résultats. En début de semaine, Merck a en effet dû revoir les ambitions de son antiviral à la baisse concernant son efficacité sur le nombre d'hospitalisations et la mortalité pour Covid. Selon les dernières données des essais menés par le laboratoire américain, celle-ci ne serait plus de 48 %, mais de 30 %.
Une bonne tolérance
Sur le plan iatrogénique, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés pendant le traitement et dans les 14 jours suivant la dernière dose se réduisent à des diarrhées, des nausées, des vertiges et des céphalées, tous légers à modérés. Des études chez l'animal ayant montré que des doses élevées de molnupiravir peuvent avoir un impact sur la croissance et le développement du fœtus, le molnupiravir n'est pas recommandé pendant la grossesse et chez la femme susceptible de concevoir et n'utilisant pas une contraception efficace, et ce pendant le traitement et jusqu’à 4 jours après la dernière dose ; de même, l'allaitement sera interrompu pendant le traitement et jusqu’à 4 jours après.
Avant même que les résultats des essais soient tous publiés, le molnupiravir a été agréé au Royaume-Uni début novembre et, le 19 novembre, l'EMA a autorisé son usage. Le dossier est en cours d’instruction à la HAS dans le cadre d’un dispositif d’accès précoce, qui en accélère l’étude vu l’urgence de la situation. En outre, la Commission de la transparence a examiné la possibilité d'un accès précoce le 1er décembre. Le molnupiravir sera donc vraisemblablement le premier antiviral contre le SARS-CoV-2 disponible en France.
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