Les chercheurs du Conseil indien de recherche médicale, de l'Institut national d'épidémiologie de Chennai et du département de médecine interne de l'Institut d'éducation médicale et de recherche de Chandigarh ont recruté 464 adultes admis dans 39 hôpitaux indiens. Ces patients hospitalisés présentaient tous une forme modérée de la pathologie.
Pas de différence en termes d'aggravation ou de mortalité
Ces patients ont été répartis entre un groupe bénéficiant de deux perfusions de 200 ml de plasma de convalescents et 235 bénéficiant des soins courants (groupe contrôle). Les transfusions étaient espacées de 24 heures. Le critère principal d'évaluation était le risque de décès toutes causes ou d'évolution vers une forme sévère de la maladie dans les 28 jours qui suivent l'enrôlement.
Les donneurs de plasma étaient des hommes ou des femmes nullipares âgées entre 18 et 65 ans, pesant plus de 50 kg et dont le diagnostic de Covid-19 avait été confirmé par une PCR. Ils devaient en outre avoir été symptomatiques (fièvre et toux) mais ses symptômes devaient avoir cessé depuis au moins 28 jours avant le don de plasma. Les plasmas sélectionnés pour le don devaient au minimum être positifs pour la présence d'anticorps neutralisant au 1/80.
Le critère d'évaluation était atteint chez 19 % des participants du groupe sous traitement et chez 18 % des patients du groupe contrôle. La mortalité à 28 jours était de respectivement de 15 et 14 %. S'ils estiment que le plasma de convalescents n'a pas fait ses preuves dans les formes modérées de la Covid-19, les chercheurs, ne se prononcent pas quant à son utilisation chez des patients sévères. Une seule différence était observée entre les deux groupes : les patients traités avaient en moyenne une résolution plus rapide de certains symptômes, notamment l'essoufflement et la fatigue.
Ces résultats ont une implication importante en Inde où la possibilité ouverte par les autorités de l'utilisation hors AMM du plasma de convalescents a ouvert la porte à des pratiques douteuses telle que la vente de plasma par certains patients infectés.
Des limitations importantes
« C'est une étude intéressante qui illustre le fait que l'on ne peut pas donner du plasma de convalescent à n'importe quel patient, ou à n'importe quel moment », réagit auprès du « Quotidien » le Pr Karine Lacombe, investigatrice principale de l'essai Coviplasm. « Je vois en effet deux limites, poursuit-elle. Les patients ont été transfusés tard dans leur parcours de soins, puisque la moitié a été transfusée au moins huit jours après leur inclusion et 25 % l'ont été après 11 jours. » Elle constate aussi que seulement deux poches ont été transfusées, ce qui peut paraître peu, d'autant plus que « la titration en anticorps neutralisants, 1/80, est faible ».
Par ailleurs, la titration en anticorps neutralisants n'a pas systématiquement été faite avant la perfusion de plasma. Ce qui ne permet donc pas de s'assurer que les patients traités n'avaient pas déjà produit leurs propres anticorps neutralisants avant le traitement.
L'étude Coviplasm en cours adopte une approche différente : les patients sont transfusés plus tôt, avec 4 poches de plasma ayant une titration à 1/40. « Comme pour la dexaméthasone ou le tocilizumab, il nous faut trouver les bonnes caractéristiques des patients chez qui le plasma de convalescent est susceptible d'être le plus efficace », conclut le Pr Lacombe.
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