La France réussira-t-elle à éradiquer l’hépatite C d’ici à 2025 comme elle s’y est engagée ? C’est en tout cas l’espoir que laisse entrevoir le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié par Santé publique France le 8 février.
Dans l’édito du BEH, François Davis, épidémiologiste à l’université de Bordeaux estime ainsi que « cet objectif de santé publique est ambitieux, mais atteignable ». Les chiffres viennent à l’appui de cette hypothèse. En 2004, 367 055 personnes étaient porteuses de l'hépatite C. En 2019, ce chiffre a baissé drastiquement, pour s'établir à 100 600 malades. Soit une prévalence de l’hépatite C chronique de 0,15 %.
De plus, en 15 ans (de 2005 à 2020) le nombre d'hospitalisations liées à une hépatite C chronique a été divisé par 4. « Elle ne concerne plus désormais qu’une hospitalisation sur 1 000. Les formes compliquées y sont nettement plus fréquentes, témoignant d’un effet stock », se félicite François Dabis, qui ajoute que « l’efficacité remarquable des antiviraux d’action directe (AAD) pour obtenir une guérison a fait chuter considérablement la mortalité des patients hospitalisés ». Disponibles depuis 2014 et en accès universel depuis 2016, ces nouveaux traitements permettent, en quelques semaines, la guérison de plus de 95 % des personnes infectées et ainsi de réduire le risque de cancer du foie et de décès.
Cependant, l'objectif d’éradication pourrait être mis en péril par le manque de dépistage de la maladie qui se fait sentir depuis deux ans, avec crise sanitaire. Sans dépistage, pas de traitement, et la maladie poursuit donc insidieusement son évolution, notamment vers les hépatocarcinomes.
La vaccination, clé de la lutte contre l'hépatite B
Pour l’hépatite B, la situation est moins réjouissante, même si l'on peut se féliciter de diverses avancées. Notamment en ce qui concerne la vaccination. Cette dernière « a longtemps fait l’objet de doutes dans la population, mais elle est maintenant réalisée dès le plus jeune âge, avec un rattrapage encouragé jusqu’à l’adolescence », avance François Dabis. Ainsi 90,5 % des enfants nés en 2019 étaient vaccinés contre le VHB. En revanche, la guérison de l’hépatite B chronique n’est toujours pas d’actualité, mais le traitement est possible. Enfin, la situation globale reste cependant encore incertaine en France, avec plus de 135 000 porteurs d’infection chronique, souvent diagnostiqués tardivement.
Du côté de l’hôpital, les données montrent, comme pour le VHC, une baisse du nombre d'hospitalisation pour hépatite B chronique, mais une augmentation de la proportion des formes compliquées parmi les personnes hospitalisées. Ainsi, entre 2005 et 2020, le taux annuel de patients hospitalisés pour hépatite B est passé de 0,11 % à 0,07 % ; les proportions de patients avec une complication ont augmenté de 28 % à 43 % et le nombre de décès a diminué de 43 %.
Enfin, selon une enquête menée en 2019 dans le cadre des États généraux de l’hépatite B, un patient sur deux rencontre des difficultés dans la vie quotidienne. En 2025, on ne parlera donc pas d’élimination du VHB, mais d’un « contrôle durable », qui est « possible, mais exigeant », estime François Dabis ajoutant que pour l’éradication de l’hépatite B, « la route est encore longue, mais les perspectives de réussite sont sérieuses ».
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