Alors que la vaccination contre le Covid-19 est ouverte aux enfants et adolescents de plus de 12 ans à partir du 15 juin, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) regrette, dans un avis rendu le 9 juin, que l’annonce gouvernementale « ait été faite avant que son avis ait été rendu » : « Y a-t-il une urgence absolue à commencer la vaccination dès maintenant, alors que plusieurs indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre pourrait signer le début de la campagne ? », s’interroge le CCNE dans un communiqué.
Saisi sur la question par le ministère de la Santé le 27 avril dernier, le Comité rend ainsi son 3e avis sur la politique vaccinale, après celui du 18 décembre 2020, rejetant l’idée d’obligation pour les adultes et rappelant la nécessité d’information et de consentement, et celui du 29 avril, estimant que la vaccination des professionnels de santé relevait d’un « enjeu éthique et déontologique », sans plaider là encore pour l’obligation.
Un bénéfice individuel « limité »
Le cas de la vaccination des enfants et des adolescents est évoqué dans l’optique d’obtenir une immunité de la population plus importante, plus rapidement. Car, malgré « une forte dynamique de vaccination » en France, « l’immunité collective de la population française, si l’on prend en compte le nombre de personnes adultes ne souhaitant pas se faire vacciner, ne serait pas atteinte à la fin de l’été 2021 », est-il rappelé.
Ce contexte soulève plusieurs questions éthiques liées aux incertitudes, dans cette population, en termes de bénéfice individuel direct et de vécu de la pandémie, mais aussi du fait du peu d’études sur les vaccins chez les jeunes, cadre le CCNE, pointant également « la question d’une information délivrée et comprise » et celle de « la liberté de consentir des enfants et adolescents ». Et d'interpeller : « Est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d’y accéder) d'une partie de la population adulte ? ».
Le Comité rappelle en effet que le bénéfice individuel de la vaccination sur la santé physique des mineurs est « limité » : les formes graves restent très rares chez les moins de 18 ans et ils semblent peu sujets aux Covid longs. La crise a pourtant des conséquences « profondes et durables » sur leur santé psychologique et mentale, surtout à l’adolescence, « et plus encore dans les populations défavorisées », est-il relevé.
Aucune donnée chez les moins de 12 ans
En termes de sécurité, les données sont encore rares en conditions réelles. Selon l’avis, « les évaluations d’effets secondaires rares et dangereux chez les enfants n’ont débuté que récemment ». Mais l’ouverture de la vaccination aux adolescents américains ouvre la perspective de publication de résultats robustes prochainement, rendant « envisageable la vaccination des 12-16 ans ». Pour les moins de 12 ans, « aucune donnée n’est actuellement disponible », souligne le CCNE, jugeant que la vaccination de cette population ne semble pas « à ce jour (…) éthiquement et scientifiquement acceptable ».
La vaccination des plus de 12 ans requiert de placer au « cœur de la démarche » une « information adaptée (sur la balance bénéfices-risques, les incertitudes, les alternatives à la vaccination…) » et le consentement éclairé, préconise le CCNE, martelant que la priorité doit rester de vacciner les adultes, « tout en évitant la stigmatisation des personnes pour lesquelles la vaccination est contre-indiquée » et en en facilitant l’accès. Par ailleurs, au vu du bénéfice individuel limité, un « suivi de pharmacovigilance spécifique aux adolescents (y compris pour les 17-18 ans) paraît indispensable ».
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