On ne cesse de le répéter. Le concept « One Health* » est bien plus qu'une idée à la mode. Mais lorsque la nature nous le prouve par l'exemple, c'est encore mieux. Ou pire… Plus qu'une fable, l'histoire de la grenouille, du moustique et du champignon est à cet égard édifiante. Une vaste étude multidisciplinaire, menée au Costa Rica et au Panama, vient en effet d'établir un lien direct entre la progression d'un champignon tueur d’amphibiens et celle du paludisme chez les humains. C'est le site LeMonde.fr qui en rapporte les résultats. Explications. Le travail des chercheurs montre comment l'effondrement de la population de rainette aux yeux rouges, liée à la propagation du champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bd), a donné lieu à un sursaut épidémique de paludisme dans les populations humaines. Le pathogène fongique, extrêmement virulent et responsable de décès massifs dus à la chytridiomycose qui en résulte, a sans doute causé « la plus grande perte enregistrée de biodiversité attribuable à une maladie », estiment les auteurs de l'étude. Les biologistes ont donc suivi une vague d'invasion de Bd qui a décimé les amphibiens au cours des dernières décennies. Cette vague a voyagé du nord-ouest au sud-est à travers le Costa Rica, du début des années 1980 au milieu des années 1990, puis s'est poursuivie vers l'est à travers le Panama pendant les années 2000. Et, surprise, après cet effondrement continu des populations d'amphibiens, les deux pays ont connu une forte augmentation des cas de paludisme. Pour les chercheurs, l'équation est évidente : le champignon tue les grenouilles qui ne mangent plus les moustiques - surtout leurs larves - et peuvent donc, en plus grand nombre, transmettre le paludisme. Si la démonstration manque encore de rigueur - de l'aveu même des auteurs -, elle donne de sérieux arguments à ceux qui voient dans l'atteinte à la biodiversité, un risque pour l'humanité tout entière.
* Ou « une seule santé », c'est penser la santé à l'interface entre celle des animaux, de l'Homme et de leur environnement.
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