Au cours des deux dernières décennies, plusieurs pays ont connu des résurgences épidémiques d'oreillons, malgré une forte couverture vaccinale : en 2005, 2006 et 2010 aux États-Unis, en 2006 et 2011 au Canada, en 2005 au Royaume-Uni, en 2013 en France, en 2014 au Danemark, en 2015 en Corée du Sud, etc. « Ce qui est plus inquiétant, c'est qu'une forte proportion de cas est observée chez des personnes ayant complété leur schéma vaccinal », constatent les auteurs.
L'hypothèse du déclin de la protection vaccinale
Ils formulent alors deux hypothèses : soit la protection vaccinale décline avec le temps, soit de nouveaux sous-types viraux ont fait leur apparition, capables d'échapper à la protection vaccinale. Cette dernière hypothèse était vraisemblable dans la mesure où il existe 13 génotypes du virus des oreillons, avec une faible immunisation croisée entre les génotypes.
En se basant sur les données épidémiologiques et sur l'historique de la couverture vaccinale américaine, les chercheurs ont établi un modèle mathématique afin de tester leurs deux hypothèses. Selon leurs conclusions, l'explication la plus probable semble être une perte progressive la protection vaccinale. L'hypothèse de l'apparition de nouveaux variants ne parvient pas, par exemple, à expliquer la dynamique de la résurgence observée en 2006 dans l'Iowa.
Selon les estimations des chercheurs, arrivés à l'âge de 18 ans, la protection individuelle procurée par le vaccin a diminué de 32,8 %, et environ 12 % des jeunes vaccinés ont totalement perdu leur immunité. Au final, seulement 50 % des vaccinés resteraient vaccinés tout au long de leur vie.
Une troisième dose à l'âge de l'université
Ce modèle expliquerait notamment pourquoi les cas d'oreillons ont surtout été observés chez des individus relativement âgés. « Avant la généralisation de la vaccination en routine chez les enfants, les oreillons étaient vus comme un rite de passage, rappelle les chercheurs. À l'âge de 14 ou 15 ans, 90 % de la population avait une sérologie positive. » Avec le succès de la vaccination, les oreillons étaient considérés comme un bon candidat à l'élimination, ce qui a été remis en cause par les récentes résurgences relatées dans la littérature, dans des pays pourtant bien vaccinés.
L'existence de ces épidémies sporadiques, ainsi que l'analyse qu'en tirent les auteurs, les conduisent à affirmer qu'il faut repenser le calendrier vaccinal. « Notre étude, comme d'autres avant elle, supporte l'idée de la mise en place d'une troisième dose de vaccin [...] préférablement chez les étudiants », inscrivent-ils dans leur discussion.
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