À quelque chose, malheur est bon ? L'hiver dernier, alors que l'épidémie de Covid-19 frappait durement le pays et poussait les Français à se confiner, les pathologies hivernales - grippe, gastro-entérite, diarrhée - étaient aux abonnés absents. Mais en 2021, qu'en est-il ? De nombreux signaux semblent indiquer que ces maladies de la saison froide sont de retour, du moins plus qu'en 2020.
Du côté du réseau Sentinelles, dédié à la veille sanitaire sur le territoire, les taux d'incidence des cas d'infection respiratoire aiguë (IRA) et de diarrhées aiguës sont tous les deux en augmentation par rapport aux semaines précédentes, bien que toujours inférieurs aux taux habituels. Ceux du Covid, eux, sont stables.
Ventes de médicaments en hausse
En pharmacie, les ventes de médicaments sont reparties à la hausse depuis mai 2021. En septembre, elles ont augmenté de +2,6 % par rapport à 2020 et +4,4 % par rapport à 2019, selon une étude du GERS. Certaines spécialités stars de l'hiver, comme le Doliprane, le Nurofen ou l'Efferalgan en particulier, ont vu leurs ventes bondir de 10 à 37 % par rapport à l'année précédente. Des achats motivés par le retour des toux, fièvres, maux de gorge et diarrhées.
« On constate depuis le mois de juillet une croissance des maux d’hiver, liée probablement au relâchement sur les gestes barrières et à un été relativement froid et humide, donc plus propice à ces affections », explique David Syr, directeur général adjoint du GERS.
Même écho du côté des pharmaciens. Pour Medhi Djilani, président de Totum pharmaciens, dont les membres ont pu confirmer le phénomène : « Les maux d’hiver reviennent notamment sur certaines catégories de produits comme les ORL, la gastro-entérologie et les diarrhées. Il y en a probablement plus que l’an dernier. Mais c’est peut-être aussi couplé au fait que de nombreux patients s’adressent directement à leur pharmacien. »
Un biais de confirmation ?
Une explication que partage Luc Besançon, délégué général de NèreS. « Selon une de nos enquêtes, l'année dernière, 27 % des patients ont davantage privilégié le passage en pharmacie sans recours au médecin. Le Covid a montré aux Français que le pharmacien était un véritable professionnel de santé. Il est généralement leur premier contact, et ils sont plus enclins à se rendre chez lui en cas de maux d'hiver simple. »
Un possible léger biais de confirmation donc, mais qui ne doit pas faire oublier la réalité de la dynamique actuelle. Aux pharmaciens de se tenir prêts face à cette nouvelle attitude des patients.
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