Le recours au plasma de patients convalescents Covid est autorisé depuis avril par l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) dans le cadre d’un protocole d’utilisation temporaire (PUT) pour les malades ne pouvant être inclus dans les essais cliniques.
C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude observationnelle menée par Gustave Roussy et le service de maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) dirigée par la Pr Karine Lacombe.
Apporter aux patients les anticorps qu'ils ne peuvent produire
Quelque 17 patients consécutifs pris en charge au sein de 13 hôpitaux français ont été inclus entre le 1er mai 2020 et le 20 juin 2020. Quinze des patients présentaient une hémopathie maligne, un autre une sclérose en plaques et le dernier un déficit immunitaire commun variable (DICV). Tous présentaient un déficit en lymphocytes B, lié à la maladie elle-même, au traitement ou bien aux deux. Quinze des 17 patients ont été traités par rituximab, un anticorps monoclonal anti-CD20 qui induit une chute des lymphocytes B. Ainsi, aucun des patients ne présentait de lymphocytes B circulants en mesure de créer une réponse immunitaire.
Or, ces cellules sont à l'origine de la production des anticorps. Du fait de ce déficit, les patients n'ont donc pas pu développer d'anticorps spécifiques au SARS-CoV-2 au cours de la phase aiguë, ce qui a entraîné une chronicisation du Covid, avec des tests RT-PCR positifs à distance et des symptômes prolongés de Covid (médiane de 56 jours). « Les patients présentaient des symptômes et un niveau de sévérité variables. Dix d'entre eux étaient oxygénorequérants et deux étaient intubés », indique au « Quotidien » le Dr Thomas Hueso, hématologue à Gustave Roussy et premier auteur de l'étude.
L'idée de tester la plasmathérapie chez ces patients est venue d'un constat : « certains patients n'arrivaient pas à éliminer le virus, et nous avons finalement rapproché ce phénomène à un déficit de l'immunité adaptative, raconte l'hématologue. Le concept est simple : apporter aux patients ce qu'ils sont incapables de produire. »
Une amélioration clinique rapide
Et les premiers résultats sont encourageants : en plus d'être bien toléré, le traitement a entraîné une baisse significative de la fièvre 48 heures après la transfusion. En moins d'une semaine, une baisse des paramètres inflammatoires a également été rapportée, et les patients ont pu être sevrés en oxygène. De plus, la charge virale a diminué chez les neuf patients qui ont pu être testés. « Le virus a pu être éliminé complètement dans le sang, et on remarque une disparition du portage nasopharyngé chez la plupart des malades dans les jours à semaines qui suivent », précise le Dr Hueso. Parmi l'ensemble des patients, un décès est à déplorer chez un patient présentant une forme sévère de pneumopathie.
« Les bénéfices de la plasmathérapie semblent d'autant plus importants lorsque la maladie est peu sévère », souligne l'hématologue, qui continue de suivre les patients pour surveiller une éventuelle rechute.
Actuellement, et toujours dans le cadre d'un PUT, une centaine de patients ayant un déficit en lymphocytes B et un Covid long ont été traités par plasmathérapie, ce qui permettra de confirmer ou non ces premiers résultats. « Avec le recul de la première vague, nous sommes parvenus à identifier plus rapidement ces patients pour leur proposer cette approche thérapeutique précocement », explique le Dr Hueso.
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