Cent quatre-vingts patients atteints de Covid-19 lors du premier confinement (17 mars -11 mai) ont été inclus dans ce travail du CHU de Lille et du Centre national de ressource et de résilience (CN2R).
Tous ont vu leur test diagnostique confirmé par le laboratoire du CHU de Lille. Plus de 70 % ont nécessité une hospitalisation (30 % ont été pris en charge en soins intensifs et près de 40 % ailleurs, avec un suivi médian respectif de 8 et 11 jours), les 30 % restant ont été suivis en ambulatoire. Les participants étaient en majorité (56 %) des hommes, âgés en moyenne de 53 ans, 30 % étaient des soignants, 16 % vivaient seuls. Ils étaient 40 % à avoir un parent également atteint du Covid et 4 % à connaître un décès parmi leurs proches.
Près de 14 % des patients avaient un historique psychiatrique, 8 % étaient sous traitement psychotrope (antidépresseurs ou anxiolytiques) et 40 % souffraient de comorbidités physiques (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires ou pulmonaires).
À l'inclusion, un tiers souffre de stress aigu
Les participants ont été évalués une première fois trois semaines après l'apparition des symptômes, pendant leur hospitalisation ou lors d'une consultation dans le service des maladies infectieuses. Ils ont rempli l'échelle « Impact of Event Scale-6 items (IES-6) », qui mesure la détresse provoquée par un évènement traumatique survenu la semaine d'avant.
À l'inclusion, 33,5 % des patients ont obtenu un score supérieur ou égal à 10, indiquant un niveau de stress intense. Le score moyen était de 7,4 sur 24.
Un mois plus tard, les participants ont été évalués par téléphone par des psychiatres. Sur les 180, 138 ont répondu (soit 23 % de perdus de vue) et ont été soumis à l'échelle PCL-5, basée sur 20 items visant à explorer le TSPT au cours du mois précédent et sur laquelle un score égal ou supérieur à 33 indique un probable diagnostic de TSPT.
Neuf patients, soit 6,5 % des répondants, ont obtenu un score égal à 33 ; et dix autres (7,2 %) ont présenté des critères du TSPT tels que définis dans le DSM-5 (symptôme de répétition, d'évitement, d'irritabilité ou altérations négatives dans la cognition ou l'humeur).
Détresse initiale et passage en réanimation déterminants
Parmi les facteurs de risque de développer un TSPT, les auteurs identifient la détresse psychique lors de la phase aiguë du Covid (les patients présentant un score IES-6 supérieur à 10 obtenaient 11 points de plus au PCL-5) et un séjour en réanimation (4,6 points de plus).
En outre, sans ajustement, les auteurs retrouvent des associations entre un probable TSPT à un mois et la prise d'un traitement psychotrope, l'existence de troubles psychiatriques et l'hospitalisation. « Ces résultats suggèrent, en cohérence avec la littérature scientifique, qu'un TSPT lié au Covid est favorisé par l'association entre la vulnérabilité psychologique des patients et l'impact traumatique de la maladie », lit-on.
En conclusion, les auteurs soulignent que la prévalence estimée du TSPT à travers cette étude rejoint celle retrouvée après des catastrophes naturelles. Mais elle est bien moindre que les proportions de 25 à 50 % retrouvées lors des épidémies de SARS ou de MERS du début des années 2000, ce qui peut s'expliquer par le taux de mortalité plus grand de ces dernières infections.
Ils insistent enfin sur l'importance d'un suivi médico-psychologique précoce des patients Covid, tel qu'il a existé au CHU de Lille, ce qui peut expliquer la différence entre la prévalence de stress aigu lors du pic de la maladie et celle de TSPT présumé à un mois.
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