Une campagne de vaccination massive démarre cette semaine en Russie au moyen du vaccin contre le Covid-19 « Spoutnik V », enregistré dans le pays alors que la phase 3 de tests à grande échelle n'est pas même encore lancée.
Vladimir Poutine l'avait annoncé le 11 août dernier. La Russie serait le premier pays au monde à avoir un vaccin contre le Covid-19. Le chef de l'État avait même révélé que sa propre fille s’était fait inoculer le nouveau vaccin baptisé « Spoutnik V », et que celle-ci n'avait souffert que peu d’effets secondaires. Désormais, alors même que les essais cliniques de phase 3 ne sont pas lancés, le pays déclare clairement se lancer dans une campagne de vaccination de masse. Ainsi, le directeur du Centre de microbiologie et d’épidémiologie Nicolaï Gameleïa, Alexandr Ginzburg, qui a développé ce premier vaccin enregistré dans le pays contre la maladie, a indiqué que des dizaines de milliers de personnes seront vaccinées.
Quelques amendements constitutionnels auront suffi à « brûler » les étapes. Car les lois russes ont la primauté sur celles internationales. Et la Russie n’a pas hésité à changer précipitamment la législation acceptée par tous les pays sur les conditions d’homologation des vaccins afin de se targuer d’avoir gagné la course au vaccin comme elle avait gagné en d’autres temps la course à l’espace avec le premier Spoutnik. Cet enregistrement précipité et prématuré, avant même le lancement d'essais cliniques de phase 3, a provoqué un véritable tollé dans l’ensemble de la communauté scientifique mondiale. « De la part de Poutine, ce vaccin est au mieux une confusion au pire une manipulation », a déclaré Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm. Quant au directeur de l’OMS, après une mise en garde contre « le nationalisme vaccinal », sans toutefois nommer la Russie, il émet de sérieux doutes sur l’efficacité voire l’innocuité du vaccin russe qui ne fait pas partie des neuf candidats vaccins du projet Covax. Côté russe également, le vaccin ne suscite pas que de l’enthousiasme, tant s’en faut. Dans une interview publiée dans le journal d’opposition « NovayaGazeta », le chercheur Constantin Tchoumakov déplore que le secret puis la précipitation « ont gâché une découverte qui aurait pu être intéressante et prometteuse (la combinaison de deux adénovirus) », avant de s’inquiéter de l’absence totale d’information sur les possibles effets secondaires.
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