Le Quotidien du pharmacien.- Une campagne de vaccination de rappel contre le Covid-19 se tient du 27 avril au 16 juin à destination des personnes les plus à risque. Pour le moment, elle est peu suivie : sur les trois derniers mois, seulement 2,4 % des plus de 80 ans ont reçu une dose de vaccin. Quelle est votre analyse ?
Arnaud Chéret.- Cette campagne de vaccination de rappel printanière est destinée à protéger les personnes les plus fragiles : les plus de 80 ans, les patients immunodéprimés, les résidents des EHPAD et unités de soins de longue durée et les personnes qui présentent de très hauts risques de formes graves de Covid-19. Il est important que ces sujets se fassent vacciner, car le variant Omicron continue de circuler activement. En France, aujourd’hui, plus de 12 000 personnes sont hospitalisées et 700 sont en soins intensifs pour cause de Covid-19. En une semaine, on a recensé plus de 2 400 nouvelles hospitalisations et 250 en soins intensifs. En termes de mortalité, depuis le début de l’année 2023, 4 500 décès sont dus à une infection par les souches circulantes d'Omicron du SARS-CoV-2. Or les populations plus fragiles sont loin d’avoir toutes reçu une dose supplémentaire de rappel. Parmi les 80 ans et plus, plus de 65 % ont reçu leur dernière dose il y a plus de 6 mois, et sont donc éligibles à cette vaccination printanière.
Comment motiver la population cible à se faire vacciner ?
En communiquant, bien sûr, sur cette campagne vaccinale dont l’objectif est d’éviter les formes graves chez les personnes plus fragiles. En améliorant l’acceptabilité des vaccins et la perception de leur efficacité. Aussi, en simplifiant l’accès à la vaccination : une belle avancée a été de la rendre possible en officine. Côté industriel, notre objectif pour faciliter cette campagne est de proposer un vaccin à ARN messager ciblant Omicron - qui est le type de vaccin que recommande préférentiellement la Haute Autorité de santé - et de le proposer en unidose, une forme adaptée à cette vaccination printanière qui n’est pas une campagne massive, car ciblant uniquement les plus fragiles, soit environ 4 millions de personnes.
Un rappel sera également recommandé à l’automne pour cette cible, ainsi que pour les personnes de 65 à 79 ans, les femmes enceintes, les personnes à risque de forme grave et leur entourage quel que soit leur âge. Peut-on également craindre une baisse de motivation de la part des Français concernés ?
La campagne de vaccination de l’automne sera différente en raison de la taille plus importante de la population éligible, et car elle sera couplée avec la vaccination antigrippale. On peut donc s’attendre à une couverture vaccinale optimisée. Dans tous les cas, cette année, nous entrons dans une campagne de vaccination annuelle contre le Covid-19 pour les populations à risque, doublée d’une campagne de vaccination printanière pour celles à très haut risque. À voir si cette stratégie sera maintenue dans les années à venir : elle sera réévaluée en fonction de la circulation des souches, des données épidémiologiques et des vaccins disponibles.
Vous avez récemment évalué l’efficacité en vie réelle des vaccins à ARNm originaux (de Moderna et de Pfizer-BioNTech) dans une méta-analyse en cours de publication. Quelles en sont les conclusions ?
L’intérêt de ce travail conduit par Moderna est de s’être penché sur une des populations les plus à risque de forme grave de Covid-19, à savoir les sujets immunodéprimés. Une analyse poussée de la littérature, avec 22 publications retenues, a été menée pour évaluer les niveaux d’efficacité des deux vaccins à ARN messager monovalents (originaux) dans cette population. Résultat : notre vaccin (aux doses de 50 et 100 microgrammes, indiqué chez les plus de 30 ans) a été significativement associé à un taux plus faible d’infection par SARS-CoV-2 (-13 %), d’hospitalisation (-17 %) et de décès (-38 %) chez ces adultes atteints de différentes pathologies conduisant à une immunodépression.
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