Moins de 30 ans après la découverte du virus de l’hépatite C en 1989, le traitement des hépatites chroniques C, qui repose sur la combinaison d’antiviraux à action directe (AAD), permet de guérir en 8 à 12 semaines, sans effet secondaire, plus de 99,8 % des patients.
Selon un article publié dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) du 24 novembre, le traitement par les AAD est associé à une réduction du cancer du foie et de la mortalité à court et moyen terme. « Ces progrès thérapeutiques spectaculaires permettent d’envisager l’élimination du virus C à l’horizon 2030 proposé par l’OMS », se félicitent Nathalie Ganne-Carrié et Marc Bourlière, secrétaire générale et président de l’Association française pour l'étude du foie (AFEF), dans l'édito du « BEH ». Mais pour cela, il faudra que les trois volets « prévention, dépistage et traitement » soient présents. Deux mesures indispensables au traitement ont déjà été prises par le ministère de la Santé : l’accès au traitement pour tous les patients ayant une hépatite chronique C en 2017, et la prescription des AAD qui a été élargie à tous les praticiens en 2019. Grâce à ces mesures, 73 000 patients ont été traités entre 2014 et 2018. Depuis, ce nombre ne cesse de diminuer, car la plupart de ces patients ont été guéris. D’après les études récentes, il reste environ 90 000 personnes porteuses du VHC à dépister et à traiter en 2020. Comment procéder pour les atteindre ?
En matière de dépistage, la Haute Autorité de santé recommande d'intensifier le dépistage dans les populations à risque, mais pas d'instaurer un dépistage universel. À l’inverse, l’AFEF et le dernier rapport Dhumeaux recommandent un dépistage universel généralisé. Mais en l'accompagnant de deux mesures : la sensibilisation des professionnels de santé, afin de réaliser un parcours de soins simplifié vers la guérison du VHC, et l'information du grand public sur les modes de transmissions de l’hépatite C et la simplicité de sa guérison. Une telle campagne de dépistage universel a déjà été réalisée sur trois mois à Montpellier, de mi-septembre à mi-décembre 2019, rapporte le « BEH ». Les résultats peuvent sembler décevants avec un taux de séropositivité de 0,89 %. Mais cette expérience a montré qu’il était possible de réaliser une chaîne, allant du dépistage au traitement, de façon efficace.
Hépatite B
En revanche, la situation est loin d’être aussi positive pour l’hépatite B. « Il existe une vaccination contre le VHB efficace et sûre, et si celle-ci était universellement pratiquée à la naissance, il faudrait près de 90 ans pour arriver à l’élimination du VHB. Pendant cette période, 80 millions de personnes décéderont de carcinome hépatocellulaire », indique le « BEH ». Quant au traitement, il repose actuellement sur l’utilisation des antiviraux directs (les analogues nucléosidiques) qui permettent d’obtenir une virosuppression, mais qui nécessitent un traitement prolongé sur plusieurs dizaines d’années pour obtenir une guérison fonctionnelle. Dans l’attente de nouveaux traitements plus rapidement efficaces, « la route menant à l’élimination de l’hépatite B dans le monde est encore longue et l’objectif d’élimination du VHB ne sera pas atteint universellement ».
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