Quelques définitions
- Laryngite : inflammation du larynx, organe cartilagineux situé entre le pharynx et la trachée.
- Dysphonie ou enrouement : modification du timbre de la voix.
- Aphonie : extinction complète de la voix.
- Stridor : bruit anormal, plus ou moins strident, produit par le passage d’air lors de la respiration à travers un segment rétréci ou partiellement obstrué des voies respiratoires supérieures.
- Tirage intercostal : dépression anormale de la paroi thoracique au niveau des espaces intercostaux au cours de fortes inspirations.
- Épiglottite : atteinte de l’épiglotte due à la bactérie Hæmophilus infuenzae avec un risque d’obstruction totale du larynx.
Un peu de physiopathologie
Rappels anatomiques
Les voies respiratoires supérieures sont composées des fosses nasales, du pharynx (carrefour aéro-digestif mettant en relation la voie aérienne avec le larynx et la voie digestive avec l’œsophage) et le larynx.
Le larynx est situé à la partie médiane et antérieure du cou au-dessus de la trachée. Il s’agit d’un conduit rigide constitué de plusieurs cartilages, de muscles et de ligaments. Il a plusieurs rôles majeurs : il participe à la respiration, à la déglutition (il permet d’éviter les fausses routes en se fermant grâce à son épiglotte lors de la déglutition) et à la phonation grâce aux cordes vocales qu’il abrite et qui produisent une onde sonore en vibrant.
Physiopathologie de la laryngite
L’inflammation du larynx, ou laryngite, se traduit par la formation d’un œdème sous la glotte, ce qui réduit la lumière laryngée. Les cordes vocales sont également enflammées, d’où la dysphonie. Elle peut tout d’abord être aiguë et dure moins de 3 semaines. Dans ce cas, elle est le plus souvent due à une infection virale (notamment au virus Para-influenzae), une irritation ou une surutilisation. À noter que la laryngite aiguë est une infection fréquente chez le jeune enfant, entre 1 et 3 ans, notamment chez les garçons. Elle fait souvent suite dans ce cas à un épisode de rhinopharyngite.
Le larynx participe à la respiration, à la déglutition et à la phonation
Ensuite, la laryngite peut aussi devenir chronique (au-delà de 3 semaines). Elle est alors souvent liée à une exposition prolongée à des substances irritantes, une utilisation excessive et régulière de la voix (chez les chanteurs notamment), une sinusite chronique, un reflux gastro-œsophagien ou encore une consommation excessive d’alcool. Un avis spécialisé est requis en cas de passage à la chronicité afin d’exclure tout processus malin comme le cancer du larynx. Le tabagisme constitue le facteur de risque le plus important de cette tumeur. 95 % des patients qui en sont atteints sont en effet fumeurs.
Les symptômes de la laryngite
Le symptôme principal de la laryngite est l’enrouement pouvant aller jusqu’à l’aphonie. Les patients ressentent le besoin de s’éclaircir la gorge, qui peut également être douloureuse. D’autres signes cliniques peuvent apparaître tels qu’une toux sèche, de la fièvre, une difficulté à déglutir ou le gonflement de ganglions au niveau de la gorge.
95 % des patients atteints d’un cancer du larynx sont des fumeurs
Chez l’enfant, la laryngite fait souvent suite à une rhinopharyngite et les symptômes ont tendance à s’installer la nuit. On observe une voix enrouée, une toux rauque et « aboyante » et parfois une dyspnée avec stridor et éventuellement un tirage intercostal. S’il y a de la fièvre, elle est en général modérée.
Les aphonies
L’aphonie se caractérise par une modification de la voix qui devient plus rauque et grave et finit par disparaître complètement. Elle peut s’accompagner de toux, plutôt sèche, de maux de gorge et de fièvre selon la cause. Les cordes vocales sont composées de muscles et sont recouvertes d’une muqueuse. Le plus souvent, les aphonies sont liées à une laryngite mais elles peuvent aussi être causées par des anomalies (bénignes ou malignes) de la muqueuse des cordes vocales comme un polype. Plus rarement, elles sont le fruit de traumatismes du larynx (par exemple après une intubation) ou de maladies neurologiques ou infectieuses.
Les mots du conseil
Mettre la voix au repos
Pour éviter de solliciter les cordes vocales et donc faciliter leur rétablissement en cas d’enrouement, il faut tout d’abord mettre la voix au repos. Cela impose de ne pas parler mais d’éviter même de chuchoter jusqu’à ce que l’inflammation disparaisse.
Avoir une bonne hydratation
Pour cela, il faut boire beaucoup d’eau mais aussi humidifier l’atmosphère, notamment dans la chambre. Cela peut être fait au moyen d’un humidificateur ou en posant un bol d’eau sur le radiateur. De plus, la chambre ne doit pas être trop chauffée. Une température entre 18 et 20 °C est parfaite.
Agir sur les facteurs environnementaux
Tout d’abord, l’exposition aux facteurs irritants comme une atmosphère enfumée ou un tabagisme passif doit absolument être limitée. Cela vaut aussi pour l’alcool, le café ou le thé qui ont tendance à assécher les muqueuses. De plus, le sevrage tabagique est encore une fois indispensable. En cas de dysphonie liée à un reflux gastro-œsophagien, on peut également conseiller au patient de limiter les aliments et boissons favorisant ce reflux : café, thé, agrumes, épices, alcool… Enfin, en cas de surmenage vocal comme ce peut être le cas chez des chanteurs professionnels ou encore des professeurs, une prise en charge par un orthophoniste peut être conseillée afin d’apprendre à limiter la fatigue vocale.
Chez l’adulte, une consultation s’impose si la voix reste rauque après 15 jours, en cas d’hémoptysie, de difficultés respiratoires ou encore de fièvre persistante
Quand consulter ?
Chez l’adulte, une consultation s’impose si la voix reste rauque après 15 jours, si le patient crache du sang, en cas de difficultés respiratoires ou encore de fièvre persistante. Chez l’enfant, un avis médical est requis en cas de toux bruyante, de difficultés à manger ou de fièvre. Une prise en charge en urgence est par contre indispensable si l’enfant respire difficilement, s’il n’arrive plus à avaler sa salive et bave, s’il refuse de s’allonger (menace d’épiglottite) ou s’il présente une extinction de voix complète.
Focus sur l’épiglottite
Il s’agit d’une inflammation de l’épiglotte, causée principalement par une infection bactérienne à Hæmophilus influenzae de type B. Cette pathologie touche majoritairement les jeunes enfants mais son incidence a bien diminué grâce à la vaccination contre cette bactérie. Les signes cliniques de l’épiglottite s’installent très rapidement, en quelques heures seulement. Elle se traduit par une fièvre élevée, une dyspnée avec stridor, une dysphagie, une hypersialorrhée et un refus de s’allonger. L’enfant se positionne en effet spontanément en position assise, légèrement penché vers l’avant. La gravité de cette infection vient du fait que l’épiglottite peut être à l’origine d’une obstruction aiguë des voies aériennes supérieures, pouvant être responsable d’un arrêt cardiaque hypoxique. Elle nécessite donc une prise en charge en urgence.
Les produits conseils
Médicaments à visée adoucissante
Les produits de la ruche ont leur place dans la prise en charge des laryngites et aphonies. Ainsi, la propolis a, entre autres, des propriétés anti-infectieuses, régénératrice des tissus et immunostimulante. Le miel, quant à lui, a des vertus adoucissantes, antibactériennes et anti-inflammatoires. Les produits de la ruche sont disponibles sous différentes formes : sprays, pastilles, gommes…
L’erysimum a également des propriétés adoucissantes. Il s’agit d’une plante entrant dans la composition de différentes pastilles utilisées en cas d’enrouement voire d’aphonie.
Pastilles et sprays en cas de mal de gorge associé
Si le patient se plaint également de maux de gorge, des pastilles ou des collutoires contenant un anesthésique (par exemple les pastilles Drill ou le spray Colludol) peuvent être proposés pour leur effet antalgique.
Phytothérapie et aromathérapie
Les boissons chaudes permettent d’adoucir la gorge. Ce peut être l’occasion de préparer des infusions à base de plantes aux vertus anti-inflammatoires comme l’erysimum, le thym, la mélisse, la sauge ou l’eucalyptus.
Les huiles essentielles de menthe poivrée, de thym thujanol et d’eucalyptus globuleux sont également intéressantes en cas de laryngite ou d’aphonie. Elles peuvent être utilisées par voie locale en massant la gorge (en dilution dans une huile végétale) ou par voie orale pour les deux premières (par exemple à raison d’une goutte dans une petite cuillère à café de miel trois fois par jour). Comme toujours, il faudra veiller à respecter les contre-indications de l’aromathérapie comme la grossesse, l’asthme, l’épilepsie, un âge inférieur à 12 ans…
Quid de l’homéopathie ?
Pour les adeptes de l’homéopathie, les spécialités comme Homéogène 9® ou Homéovox®, traditionnellement utilisées dans les maux de gorge et les enrouements, peuvent être conseillées.
Les points-clés
- Le larynx est situé à la partie médiane et antérieure du cou au-dessus de la trachée et abrite les cordes vocales.
- Le symptôme principal de la laryngite est la dysphonie, à laquelle peuvent s’ajouter de la fièvre ou une toux sèche.
- Chez les enfants, la laryngite fait souvent suite à un épisode de rhinopharyngite et a tendance à s’installer la nuit. Elle entraîne alors une toux rauque et aboyante.
- La laryngite peut être aiguë (dans ce cas, elle a une origine virale dans la majorité des cas) ou chronique, autrement dit durer plus de trois semaines.
- La prise en charge des aphonies et laryngites nécessite la mise au repos de la voix, une bonne hydratation et l’évitement des facteurs irritants.
- L’utilisation de médicaments adoucissants pour la gorge permet de limiter la gêne au niveau du larynx.
Cas de comptoir
Le contexte :
Monsieur V, 63 ans, vous demande quelque chose pour adoucir sa gorge car sa voix est enrouée. C’est la troisième fois en deux mois qu’il vient pour cela.
Votre conseil :
Des pastilles adoucissantes permettront de soulager l’irritation de sa gorge. Mais cet enrouement chronique mérite un avis médical, d’autant plus si monsieur est fumeur. Ce sera dans ce cas également l’occasion de lui proposer un sevrage…
Qu’en savez-vous ?
1 À propos du larynx, quelles affirmations sont vraies ?
a) Il est situé au-dessus de la trachée ;
b) Il est situé en dessous de la trachée ;
c) Il abrite les cordes vocales.
2. A propos des laryngites aiguës, quelles affirmations sont exactes ?
a) Elles ont le plus souvent une origine bactérienne ;
b) Elles ont le plus souvent une origine virale ;
c) Elles durent moins d’une semaine.
3. Quels conseils donner en cas d’enrouement ?
a) Mettre la voix au repos complet ;
b) Chuchoter mais ne pas parler fort ;
c) Bien s’hydrater.
4. Quels symptômes doivent amener à consulter en urgence chez l’enfant ?
a) De la fièvre ;
b) Une impossibilité d’avaler sa salive ;
c) Le refus de s’allonger.
5. Quelles sont les causes possibles d’une aphonie ?
a) Une laryngite ;
b) Un polype sur les cordes vocales ;
c) Les suites d’une intubation.
Réponses : 1. a) et c) ; 2. b) ; 3. a) et c) ; 4. b) et c) ; 5. a), b) et c).
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