Avec près de 3 000 nouveaux cas et 1 000 décès chaque année, le cancer du col de l’utérus reste une maladie redoutable, d’autant qu’il touche des femmes jeunes. Et pourtant, le cancer du col est une maladie évitable grâce à la vaccination qui doit être faite le plus tôt possible et grâce au dépistage.
Vacciner à l’âge de 12-13 ans est beaucoup plus efficace
Une récente étude anglaise (M. Falcaro, BMJ may 2024) confirme l’efficacité très rapide de la vaccination tant sur les cancers invasifs que sur les CIN3 (lésions pré-cancéreuses), sans risque démontré. Elle montre aussi la baisse importante de l’efficacité en fonction du retard à l’âge de la première vaccination.
« Pour les jeunes filles vaccinées à l’âge de 12-13 ans, la réduction d’incidence des cancers invasifs a été de 84,6 % pour les plus modestes et de 83,5 % pour les plus aisées. La réduction des CIN 3 est de 95,3 % pour les plus modes tes et de 96,1 % pour les plus aisées. Lorsque la vaccination est faite à l’âge de 14-16 ans, la réduction des cancers et des CIN3 est beaucoup plus faible (de l’ordre de 67 %) pour n’atteindre qu’environ 30 % pour les jeunes filles vaccinées à l’âge de 16-18 ans qui ont déjà rencontré le virus et qui ont une réaction immunitaire plus faible. » souligne le Dr Jean-Luc Mergui (président de l’IFCPC, centre IGO Paris).
Une récente étude anglaise confirme l’efficacité très rapide de la vaccination tant sur les cancers invasifs que sur les lésions pré-cancéreuses
L’étude montre également que la vaccination réduit les écarts d’efficacité en matière de prévention des cancers du col dans les populations à faibles ressources qui ont un accès plus difficile au dépistage.
Une couverture vaccinale enfin proche de 50 % chez les filles
Pour la première fois cette année scolaire, a été proposée une vaccination systématique aux élèves de 5e, garçons et filles. Les résultats de cette campagne sont maintenant disponibles ainsi que les données de la couverture vaccinale nationale qui est enfin, proche de 50 % chez les filles (encore loin de l’objectif de 60 % en 2023 et de 80 % en 2030), mais les garçons restent à la traîne.
Au 31 décembre 2023, selon les données de Santé publique France, 44,7 % des filles avaient une vaccination complète à 16 ans et 15,8 % des garçons. 55 % des filles avaient reçu au moins une dose à 12 ans et 41 % des garçons. C’est déjà un grand progrès : cependant, la France a un retard à rattraper. « Il y a un an, en Europe, un grand nombre de pays (Portugal, Belgique, Islande, Malte, Norvège, Angleterre, Espagne…) bénéficiaient d’une couverture vaccinale contre les virus HPV supérieure à 70 %. En 2018-2019, la France était classée 28e sur 31 pays, juste devant le Kazakstan, l’Arménie et la Bulgarie » rappelle le Pr Geoffroy Canlobre (secrétaire de la SFCPCV). « Une enquête nationale en ligne (VacciCol) est en cours pour obtenir l’avis des parents d’élèves afin d’améliorer les outils de la future campagne. Plus de 20 000 parents se sont connectés au questionnaire. »
« Le dépistage du cancer du col est indispensable pour toutes les femmes asymptomatiques de 25 à 65 ans, quelle que soit leur sexualité, y compris celles qui n’ont plus de rapports sexuels ou ayant des rapports sexuels avec les femmes », insiste le Pr Xavier Carcopino (président de la SFCPCV).
Aujourd’hui, on déplore qu’encore près de 40 % des femmes ne se font pas dépister.
La combinaison de la vaccination anti-HPV et du dépistage massif pourrait permettre de faire disparaître le cancer du col de l’utérus.
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