Dans un récent communiqué, les gynécologues français font part de leur inquiétude quant aux conséquences des recommandations émises le 2 mars par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) concernant l’utilisation des progestatifs et de la progestérone.
La mise en évidence, dès 2019, d'un surrisque de méningiome associé à trois progestatifs (Androcur, Lutényl, Lutéran et leurs génériques), a conduit l'ANSM à émettre le 3 mars des recommandations préliminaires pour d'autres progestatifs, redoutant « un effet classe ».
Dans l'attente d'autres résultats, l'agence a ainsi appelé à la vigilance pour la prescription de la médrogestone (Colprone 5 mg), de la progestérone 100 ou 200 mg (Utrogestan et génériques), de la dydrogestérone (Duphaston 10 mg) et du diénogest (génériques de Visanne 2 mg).
Dans un communiqué diffusé le 13 mars, une dizaine de sociétés savantes de gynécologie, dont le Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF) et le Groupe d’étude de la ménopause et du vieillissement hormonal (Gemvi), ne partagent pas cet appel à la prudence et fustigent l'abus du principe de précaution. « Ces recommandations qui concernent tous les progestatifs actuellement remboursés ainsi que la progestérone naturelle ne reposent en effet à ce jour que sur quelques cas rapportés de méningiome en l’absence de toute étude scientifique », soulignent ainsi les professionnels. Les gynécologues s'inquiètent « des conséquences de cette médiatisation » des recommandations préliminaires, « sans aucune évaluation d’un niveau de risque pour les progestatifs désignés (diénogest, dydrogestérone, médrogestone) et sur la progestérone naturelle ».
S'ils sont d'accord sur la nécessité de sensibiliser les professionnels de santé à la durée d'utilisation des progestatifs, ils rappellent aussi le rôle majeur joué par ces médicaments dans nombre d'indications : aide médicale à la procréation ; traitement hormonal de la ménopause associant le 17 bêta-œstradiol et la progestérone naturelle ; hypogonadisme hypogonadotrope ou insuffisance ovarienne prématurée ; syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) afin de limiter l'hyperplasie de l'endomètre ; prise en charge de l'endométriose. « Tant de situations cliniques laisseraient les patientes sans aucune ressource thérapeutique si ce n’est d’augmenter la prévalence des hystérectomies », font-ils enfin valoir.
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