Savez-vous ce qu'est la tokophobie ? Personnellement, je viens de l'apprendre. Non, cette phobie-là n'a rien à voir avec les TOC - qui s'écrivent d'ailleurs avec un « c » - et encore moins avec la capitale nippone… Comme souvent, le sens des mots se cache dans leur étymologie : en l'occurrence, tokophobie vient du grec « tokos » qui désigne l’accouchement et de « phobos », la peur. La tokophobie est donc la peur de l’accouchement, parfois même celle de la grossesse. Si je vous en parle, c'est qu'une récente étude, parue dans « Evolution medicine and public health », met en évidence un lien étrange entre la pandémie de Covid-19 et la fréquence des cas de tokophobie et leurs tenants. Les études sur ce phénomène sont rares. Celle-ci, menée aux États-Unis visait à comprendre comment le Covid-19 a pu affecter le bien-être et la qualité des soins de santé des femmes enceintes, d’avril 2020 à février 2021. Elle concernait 1 775 participantes enceintes, dont 1 110 un mois après leur date d'accouchement. Au terme d'observations attentives, les gynécologues du Collège de Dartmouth sont arrivés aux conclusions suivantes : 62 % des participantes ont éprouvé des niveaux cliniquement élevés de peur de l'accouchement. Par ailleurs, les mères appartenant aux minorités ethniques ou de milieux sociaux défavorisés avaient un risque accru de tokophobie. Ce qui n'est pas sans conséquences, car les femmes ayant le plus peur de l'accouchement encourent un risque accru de 91 % d’accouchement prématuré, avant la 37e semaine de grossesse.
Plus globalement, l'étude montre qu'au plus fort de la pandémie, les futures mères expriment leurs craintes de ne pouvoir bénéficier du soutien nécessaire pendant le travail, de se voir retirer leur bébé dans le cas où elles contracteraient l’infection, ou encore de transmettre le Covid à leur bébé. En conclusion, estiment les auteurs, cette évaluation de la tokophobie en temps de Covid révèle surtout « que les femmes ne reçoivent pas le soutien émotionnel dont elles ont besoin en cas de crise sanitaire ». Et peut-être même au-delà. Les crises sont décidément de bons révélateurs.
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