Bien que certains antibiotiques aient récupéré une partie de leur efficacité grâce à l'ajout de molécules inhibant les enzymes produites par les bactéries pour se défendre (telles les bêtalactamases et les céphalosporinases, et plus récemment les carbapénèmases), le phénomène d'antibiorésistance n'a pas encore pu être enrayé durablement. Le groupe Pfizer s'efforce de maintenir sur le marché des antibiotiques anciens qui restent efficaces chez certains patients et pourraient même devenir très utiles dans l'avenir.
« On a parfois recours à de « vieux » antibiotiques écartés en raison de leurs effets indésirables dont on maîtrise mieux à présent la toxicité. Il est important de protéger la diversité de l'arsenal thérapeutique face à des bactéries qui ne cessent de muter (trop) rapidement, constate le Pr Pierre Tattevin (CHU de Rennes). Il y a un souvent un décalage entre la cible à atteindre et la mise à disposition de molécules efficaces, d'autres difficultés ont émergé entre-temps qui nécessitent de nouvelles recherches. » L'antibiothérapie a contribué à l'essor de la médecine moderne, mais aujourd'hui l'antibiorésistance menace de devenir l'une des principales causes de mortalité dans le monde. Les experts sont unanimes : « le problème ne concerne pas seulement l'infectiologie, tous les secteurs de la médecine moderne sont devenus antibiodépendants : cardiologie, transplantations, greffes, oncologie, néonatalogie… » La lutte doit être menée aussi bien en médecine de ville qu'en milieu hospitalier où les actes chirurgicaux les plus courants se font quasi systématiquement sous couverture antibiotique.
Un défi mondial
Actuellement, les décès liés aux bactéries multirésistantes se multiplient et les chiffres sont inquiétants, particulièrement dans notre pays, un des plus gros consommateurs d’antibiotiques au monde. Selon un récent sondage Ipsos/Pfizer, si une majorité des Français connaît le terme antibiorésistance, moins d'un quart (24 %) sait précisément ce qu'il désigne et un tiers ne suit pas les recommandations « On est dans le confort antibiotique, reconnaît le Pr Antoine Andremont, ancien praticien à l'hôpital Bichat à Paris, on veut être soulagé rapidement et guérir vite, pourtant certaines pathologies bénignes peuvent guérir seules. Certes, on prescrit trop et trop vite les antibiotiques mais le problème ne concerne pas seulement la médecine humaine, il faut mettre en place des ressorts sociétaux et écologiques. »
En effet, les bactéries naturellement résistantes sont très présentes dans l’environnement (les eaux, les sols, la faune). Même si l'hypothèse d’une transmission à l’homme n’est pas confirmée, il est difficile de l’écarter. Ces bactéries peuvent infecter directement des humains, ou servir de réservoirs pour des gènes de résistance portés par les bactéries pathogènes pour l’homme. « Le problème est mondial, confirme le Dr Thierry Naas, bactériologue au Kremlin Bicêtre à Paris. Le tourisme, les déplacements internationaux, les mouvements d'immigration favorisent l'afflux de bactéries résistantes. Il faut continuer à surveiller l'émergence et la dissémination des souches bactériennes résistantes dans le monde. »
Pour cela il faut conduire une action globale tant au niveau national qu'européen et international. Le groupe Pfizer participe à différents programmes internationaux. L'un des objectifs est de mettre en place un modèle médicoéconomique et réglementaire visant à encourager le développement de nouvelles molécules et de nouvelles solutions préventives, alternatives thérapeutiques aux antibactériens. L'immunothérapie, la vaccination, les bactériophages, l'étude du microbiote intestinal (transplantation fécale) sont des pistes à suivre, même si tous les essais cliniques ne sont pas concluants.
D'après une conférence de presse de Pfizer.
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