Les causes de l'auto-immunité anti-cellules β sont méconnues. Néanmoins un lien avec des infections virales est soupçonné. Or, lors de la pandémie de Covid, l'incidence du diabète de type 1 chez les enfants a augmenté dans plusieurs régions. Mais aucune publication n'avait jusqu'à présent creusé l'association temporelle entre le Sars-CoV-2 et l'apparition d'auto-anticorps anti-îlots de Langerhans.
Cette nouvelle étude multicentrique (Allemagne, Pologne, Suisse, Belgique, Royaume-Uni), conduite sous l'égide de la plateforme mondiale pour la prévention du diabète auto-immun, a été publiée dans le Jama le 8 septembre. Les auteurs ont analysé les données de 885 enfants (dont 441 filles) présentant un risque supérieur à 10 % de développer des auto-anticorps anti-îlots de Langerhans avant l'âge de 6 ans. Point fort de l'étude : les échantillons de sang étaient collectés très régulièrement à partir de 4-7 mois (à l'occasion de six visites jusqu'à leur 21-25 mois), puis tous les six mois jusqu'à leurs 6,5 ans.
Risque multiplié par 3,5
Des anticorps contre le Sars-CoV-2 ont été retrouvés chez 170 enfants (âge médian : 18 mois). Par ailleurs, 60 petits ont développé des auto-anticorps anti-îlots de Langerhans (dont la majorité à 24 mois, et cinq enfants à 30 mois). Parmi eux, six ont présenté ces anticorps en même temps que ceux contre le Sars-CoV-2, et six autres, juste après. Aucune association n'a en revanche été retrouvée avec une infection grippale (de type H1N1).
À partir de juin 2020, le taux d'incidence des auto-anticorps anti-îlots de Langerhans pour 100 personnes-années est de 3,5 chez les enfants négatifs au Covid, et de 7,8 chez les enfants ayant eu le Covid. Et 18 % de tous les cas positifs aux auto-anticorps anti-îlots de Langerhans identifiés depuis juillet 2020 seraient attribuables au Covid, lit-on.
Pour des enfants avec de fortes prédispositions génétiques, le risque de développer un diabète serait donc augmenté après un Covid. Après ajustement en fonction du sexe, de l'âge et du pays, le risque (hazard ratio) serait multiplié par 3,5, selon les calculs des auteurs. Le risque cumulé six mois après un test positif au Covid serait lui de 7,3 %, versus 2,9 % chez les enfants qui n'ont pas été affectés par le coronavirus.
Dernier résultat : les auteurs soulignent que l'association est plus forte (HR : 5,3) lorsque les enfants contractent le Covid avant leurs 18 mois. Et de conclure que l'importance du risque de développer un diabète à la suite d'un Covid, chez les petits déjà génétiquement vulnérables, est semblable, voire supérieur à celui des autres virus, dont les entérovirus.
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