Quelques définitions
L’insuline est une hormone hypoglycémiante produite par le pancréas au niveau des cellules bêta des îlots de Langerhans. Son effet hypoglycémiant est dû à la liaison de l’insuline aux récepteurs des cellules musculaires et adipeuses facilitant ainsi l’assimilation du glucose et à l’inhibition simultanée de la production hépatique de glucose.
Le diabète est une affection métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique liée à une déficience soit de l’action de l’insuline (insulinorésistance), soit de la sécrétion d’insuline, soit des deux. Le diabète est défini par une glycémie supérieure à 1,26 g/l après un jeûne de 8 heures et vérifiée à deux reprises, ou par une glycémie supérieure ou égale à 2 g/l à n’importe quel moment de la journée.
Le diabète gestationnel est un état d’intolérance au glucose conduisant à une hyperglycémie et qui apparaît pendant la grossesse, chez une femme sans diabète préalable connu. Sa fréquence est estimée en France à 4 à 6 % des grossesses. Le retentissement principal sur le fœtus est une macrosomie (poids élevé à la naissance).
Un peu de physiopathologie
Le diabète de type 1 est une affection auto-immune qui détruit progressivement les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas, aboutissant à un déficit de sécrétion d’insuline et à une augmentation de la glycémie. Il touche majoritairement les enfants et les jeunes adultes. Le début est brutal et les symptômes sont une soif intense, un amaigrissement rapide malgré un appétit conservé et des urines abondantes (jusqu’à 3 à 4 litres par jour).
Le diabète de type 2 est une affection chronique, silencieuse au départ, caractérisée par une altération de l’insulinosécrétion et par des anomalies des effets de l’insuline sur les tissus (insulinorésistance), induisant une élévation modérée et progressive de la glycémie. Il représente plus de 90 % des diabètes. Il apparaît le plus souvent chez des sujets de plus de 40 ans et en surpoids.
Que ce soit dans le diabète de type 1 ou de type 2, les hyperglycémies répétées et prolongées sont à l’origine de complications microvasculaires (rétinopathie, néphropathie et neuropathie) et macrovasculaires (infarctus du myocarde, artériopathie à l’origine de gangrènes et d’amputations, accident vasculaire cérébral).
Les mots du conseil
« Est-ce que je peux pratiquer une activité physique avec un diabète ? »
Le diabétique appréhende la pratique d’une activité sportive à cause des fluctuations des glycémies qu’elle engendre et en particulier le risque d’hypoglycémie. Pourtant, sauf contre-indication particulière à évaluer avec le médecin, il est recommandé de pratiquer une activité sportive. Par exemple il est conseillé de pratiquer ½ heure de marche rapide plusieurs fois par semaine. Rappeler que jardiner, faire le ménage, marcher au lieu de prendre sa voiture sont aussi des activités physiques. Mais certaines précautions s’imposent en fonction de l’effort : manger plus sucré avant de débuter une activité physique, contrôler sa glycémie avant, pendant quelques heures après l’effort s’il est long, s’hydrater régulièrement pendant et après l’effort. Le diabétique sous insuline apprendra aussi avec son médecin à gérer ses doses d’insuline en fonction de son activité physique. Gare à l’aggravation de lésions du pied : des chaussures adaptées seront conseillées.
« On m’a dit de surveiller mes pieds : quel rapport avec mon diabète ? »
Les diabétiques atteints de neuropathie ou d’artériopathie périphérique ont un risque accru de lésions ulcérées du pied et de surinfection. Un petit traumatisme peut facilement conduire à une lésion grave car le patient a perdu une part de sa sensibilité et ressent moins la douleur. Pour prévenir ce risque, quelques conseils s’imposent : ne pas marcher pieds nus et être vigilant en cas de port de chaussures neuves, porter des chaussures adaptées (pas sans chaussettes), limer ses ongles plutôt que les couper, ne pas utiliser de coricide mais faire appel à un pédicure-podologue pour les soins du pied (cors, durillons…), se laver quotidiennement les pieds à l’eau tiède, bien les sécher pour éviter une macération et l’apparition de mycoses, ne jamais utiliser de bouillotte, couverture électrique…, consulter rapidement à la moindre blessure ou plaie, examiner régulièrement la peau et les déformations. Le médecin vérifie le pied au moins une fois par an avec un test au monofilament qui consiste à utiliser un fil de nylon pour tester la sensibilité cutanée pour savoir s’il existe ou non une atteinte des nerfs, témoin de l’existence ou non d’une neuropathie.
« On ne m’a pas prescrit de lecteur de glycémie »
La HAS a émis en avril 2011 des recommandations sur l’autosurveillance et sa fréquence dans le diabète de type 2. Elle est limitée aux patients insulinotraités ou chez qui une insulinothérapie est envisagée, aux patients traités par insulinosécréteurs et aux patients chez qui l’objectif thérapeutique n’est pas atteint. Dans le diabète de type 1, l’autosurveillance glycémique est systématique. Prendre le temps d’expliquer au patient le calibrage du lecteur, son utilisation et de faire un essai avec lui.
« J’ai mal au doigt à force de me piquer pour contrôler mes glycémies »
Il est important de rappeler comment piquer au mieux pour éviter les douleurs : d’abord éviter de piquer le pouce et l’index pour préserver la « pince », alterner les trois autres doigts, en évitant la pulpe et en privilégiant le côté de la dernière phalange qui est plus irrigué et moins douloureux. Avant d’utiliser l’autopiqueur, il est important de bien se laver les mains, de préférence à l’eau chaude pour activer la circulation au bout du doigt, puis bien les sécher. Adapter l’autopiqueur pour optimiser la profondeur. Ne pas utiliser d’alcool pour désinfecter avant l’autopiqûre car il peut fausser les résultats.
Quel régime alimentaire adopter ?
Il est recommandé d’avoir une alimentation équilibrée et de manger à heures fixes. Dans le diabète de type 2, le premier objectif est la perte de poids en cas de surpoids avec limitation des aliments trop sucrés et trop gras : limiter les charcuteries, les viandes grasses, le fromage, le beurre (cuisiner à l’huile d’olive), les sauces, les pâtisseries, les sodas… Le régime méditerranéen est un régime adapté car il diminue les risques cardiovasculaires. Boire de l’eau ou éventuellement des boissons light (aux édulcorants) à la place des sodas sucrés, ne pas consommer de saccharose en dehors des repas, privilégier les glucides complexes (manger du pain ou des féculents à chaque repas). Attention aussi aux boissons alcoolisées, qui sont caloriques.
« Pourquoi une prise de sang tous les 3 mois alors que je surveille ma glycémie tous les jours ? »
Alors que la glycémie donne un résultat à un instant donné (utile pour surveiller une valeur avant un repas, à jeun, après un repas, pendant une activité sportive…), la recherche d’hémoglobine glyquée HbA1C tous les 3 mois permet de suivre l’équilibre moyen des glycémies des 2 à 3 derniers mois. Elle est le témoin de fixation de glucose de façon irréversible sur l’hémoglobine. Dans le diabète de type 1, l’objectif est de maintenir une HbA1C à moins de 7 ou 7,5 %, en prenant garde au risque d’hypoglycémie. Dans le diabète de type 2, l’objectif optimal varie, selon le contexte clinique (âge du patient, ancienneté du diabète, comorbidité…), de moins de 6,5 % en monothérapie orale à moins de 7 % en trithérapie orale ou sous insuline.
Quels sont les autres examens pratiqués ?
Sont effectués aussi un contrôle lipidique annuel (cholestérol total, triglycérides, HDL cholestérol, LDL cholestérol), un contrôle régulier de la pression artérielle, un fond d’œil annuel à la recherche d’une rétinopathie diabétique, un bilan rénal (créatininémie, protéinurie, microalbuminurie) annuel, un ECG annuel, un bilan dentaire annuel.
Comment s’injecter l’insuline ?
Conserver la même zone d’injection pour chaque horaire (cuisses, bras, fesses, ventre) mais espacer le pont d’injection pour limiter le risque d’apparition de lipodystrophie. L’injection se fait perpendiculairement à la peau, au niveau d’un pli formé entre le pouce et l’index. Ne pas masser le point d’injection et éviter de solliciter la zone d’injection (activité sportive) dans les heures suivantes.
Reconnaître une hypoglycémie.
Les signes cliniques sont variables. On retrouve parmi les symptômes des tremblements, des palpitations, des sueurs, une pâleur, des mains moites, une faim impérieuse, une anxiété, une confusion, jusqu’au malaise ou au coma hypoglycémique. Le patient diabétique devra toujours avoir du sucre (3 à 4 morceaux) sur lui (ou du jus de fruit, 1 cuillère à soupe de confiture) pour intervenir rapidement en cas d’hypoglycémie. Ce resucrage sera suivi d’une prise de sucres lents (biscottes par exemple).
Éducation thérapeutique.
Il est important lors de la délivrance d’une ordonnance comportant des médicaments du diabète de rappeler les principaux effets indésirables et précautions d’emploi : hypoglycémies sous sulfamide hypoglycémiant (toute prise de sulfamide doit s’accompagner d’une prise alimentaire suffisante), troubles digestifs sous metformine (qui peuvent s’améliorer en prenant le médicament au cours ou à la fin des repas et régressent spontanément dans la plupart des cas), troubles digestifs sous inhibiteur d’alphaglucosidase (diminuent généralement au cours du traitement), troubles digestifs et hypoglycémies (surtout en association) sous incrétinomimétique. Attention aussi à la prise concomitante de médicaments qui ont une influence sur la glycémie (tramadol, IEC, corticoïdes…).
Dépistage du diabète gestationnel.
Le diabète gestationnel est dépisté entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée par une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) avec 50 g de glucose (test de o’Sullivan) et confirmé chez les femmes dépistées positives par une hyperglycémie provoquée par voie orale avec 75 ou 100 g de glucose.
Les produits conseils
Les soins hydratants pour le pied.
La sécheresse peut être à l’origine de complications au niveau du pied. En effet, elle peut être responsable d’une hyperkératose suivie d’une apparition de fissures ou de crevasses qui peuvent être à l’origine d’une brèche cutanée et donc de complications. Des soins spécifiques hydratants (à base de beurre de karité, d’urée…) peuvent être proposés : huile pour bains de pieds, lotion nettoyante ou crème réhydratante. Des agents antifongiques peuvent être intégrés aux formulations (huile essentielle, piroctone olamine…).
Les lecteurs de glycémie.
Il serait ici trop long d’évoquer l’ensemble des gammes de matériels destinés à la mesure quotidienne de la glycémie. Parmi les marques références disponibles dans les officines, citons les testeurs de glycémie : Accu-Chek Nano (Roche), BG Star et iBG Star (Sanofi Diabète), Free Style (Abbot Diabetes Care), OneTouch (Lifescan)…
Compléments alimentaires en prévention.
Pour ceux qui se soucient de leur équilibre alimentaire et parce qu’une alimentation déséquilibrée et un apport excessif de sucres sont des facteurs de risque de diabète, certains compléments alimentaires proposent des formulations destinées à réguler l’appétit et contrôler les envies de sucré (chrome, Ginkgo biloba…), à participer au métabolisme glucidique et agir sur le taux de sucre (chrome, fenugrec, Gymnema sylvestre, Madeglucyl, cannelle…), à diminuer l’absorption de sucre (feuilles de mûrier japonais…) : Diabion, Gluco’réduc, diabesteol, Madeconcept, Œmine glucolan, Glycabiane, Zuccarin mûrier… Face à ces revendications, il importe d’informer que ce ne sont pas des médicaments et qu’ils ne se substituent pas à un régime hygiénodiététique équilibré.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques