Un projet d'Hôpital de jour-Prévention des événements indésirables médicamenteux chez le sujet âgé (HJ-PEIMA) sera prochainement adressé à la plateforme nationale prévue par l'article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour de nouvelles organisations de santé, avec copie aux agences régionales de santé (ARS) de Normandie et des Hauts-de-France. Il est porté par l'hôpital Saint-Philibert, de Lomme (Nord), avec dix centres hospitaliers, les CHU de Lille, Amiens et Caen, les hôpitaux d’Armentières, Dunkerque, Roubaix, et Valenciennes (Nord), Calais (Pas-de-Calais), et Beauvais (Oise). Ce projet fait suite à une expérimentation de conciliation médicamenteuse ville-hôpital, menée par le service gériatrie de Saint-Philibert sur treize patients polymédicalisés.
« Nous pratiquons la conciliation médicamenteuse auprès du malade, avec les médecins et les pharmaciens, à Saint-Philibert depuis 2014, précise Antoine Lefebvre, pharmacien hospitalier, mais 85 % de la conciliation définie à l'hôpital n'est pas suivie en ville. » Ce qui entraîne souvent une nouvelle hospitalisation. « Quand le pharmacien de ville voit un changement de dosage d'un médicament, alors qu'il n'a pas été partie prenante de la stratégie de soins, il ne peut pas l'expliquer et rassurer le patient. Il rappelle le médecin, mais cela est anxiogène pour le patient », poursuit Grégory Tempremant, pharmacien à Comines, président de l'URPS des Hauts-de-France.
Une première expérimentation de conciliation ville-hôpital a donc été menée, de novembre 2016 à mai 2017, avec l'objectif d'éviter l'iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées. Treize patients ont été concernés, en présence et autour desquels une conférence téléphonique à quatre voix, d'une vingtaine de minutes, a permis au gériatre et au pharmacien hospitaliers, ainsi qu'au généraliste et au pharmacien de ville, d'échanger leurs points de vue et d'amener une décision de dosage commune.
L'expérimentation cherchait à évaluer la faisabilité de l'HJ-PEIMA, et ses chances de pérennisation, tout en mesurant l'impact qu'il y avait à intégrer le généraliste et le pharmacien de ville dans les évolutions thérapeutiques prises par la conciliation.
Grégory Tempremant a estimé nécessaire que les pharmaciens soient rémunérés pour ces actes de soins, pris en charge par l'URPS, et a contacté son homologue médecin pour que les généralistes le soient aussi.
Les treize patients étaient âgés de 85,4 ans en moyenne et prenaient 8,9 médicaments chacun en moyenne. Sur 26 modifications de traitement décidées par la conciliation, 22 étaient poursuivies 15 jours plus tard (84,6 %), 3 non poursuivies (11,5 %), soit à peu près l'inverse des taux précédents. Pour les hospitaliers, l'effet positif pour le patient semble indiscutable.
La conférence téléphonique est apparue très favorable aux yeux des uns et des autres, et propre à renforcer le lien ville-hôpital, même si l'aspect chronophage reste le principal obstacle. Les patients ont apprécié l'entretien pharmaceutique tenu devant eux. Médecins et pharmaciens libéraux ont souligné que cela facilitait les discussions ultérieures et revalorisait le rôle de chaque intervenant. Quant aux hospitaliers, ils soulignent la pertinence de la démarche, mais aussi la difficulté de l'intégrer dans leur activité quotidienne.
« Il faut ensuite mesurer l'impact sur la prise en charge du patient, reprend Antoine Lefebvre. La participation du médecin et du pharmacien de ville à la modification du traitement doit rendre celle-ci plus pérenne. L'objectif est de réduire l'hospitalisation, et même de l'éviter pour de tels événements indésirables. »
« La pharmacie clinique a acquis ses lettres de noblesse à l'hôpital, rappelle Grégory Tempremant. Il est important de se rassembler et de faire valoir le gain pour le patient. On a montré que le processus fonctionne, l'intérêt est maintenant de l'appliquer à plusieurs hôpitaux. La médication est un enjeu de santé publique. »
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