Pour leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur les données anonymisées collectées par les dispositifs connectés de l’entreprise française Withings (montre, balance, etc.) en France et en Allemagne, où les modalités de confinement étaient plus souples avec des déplacements possibles.
L’analyse a porté sur les données de 26 196 utilisateurs français et de 26 847 Allemands, recueillis de janvier à fin avril 2020. La balance connectée a permis une mesure du poids mais aussi de la rigidité artérielle, tandis que la baisse de l’activité physique a été évaluée grâce aux données des montres connectées.
« On s’attendait à ce que le manque d’activité physique entraîne un vieillissement vasculaire accéléré, mais on a plutôt trouvé le résultat opposé en France, avec une réduction de ce vieillissement, explique au « Quotidien » la première autrice, Rosa Maria Bruno, professeure de pharmacologie à l’université Paris Cité. On n’a pas observé la même chose en Allemagne, un pays aux caractéristiques socio-économiques pourtant similaires. »
Mais, dans le détail, cette amélioration de la santé cardiovasculaire ne concerne pas toute la population. Trois groupes ont pu être identifiés, aux comportements très différents pendant la période : ceux dont la santé cardiovasculaire s’est améliorée (21,1 %), ceux affichant une stabilité (60,6 %) et ceux ayant connu une dégradation (18,2 %).
En moyenne sur les trois groupes, l’âge cardiovasculaire a reculé de 22,4 semaines. Mais, « dans le groupe "dégradation", un vieillissement de trois ans est observé, tandis qu’à l’inverse, dans le groupe "amélioration", c’est un rajeunissement de trois ans qui est constaté », souligne Rosa Maria Bruno.
Quelques caractéristiques spécifiques se dégagent de chacun des trois groupes. Le groupe à la santé stable est plutôt composé de femmes, tandis que les hommes sont surreprésentés dans les deux autres groupes. Par ailleurs, les participants du groupe s’étant amélioré ont perdu du poids pendant la période.
L’impact encore méconnu du Covid sur la santé à long terme
En revanche, dans le groupe à la santé cardiovasculaire dégradée, « les caractéristiques étaient différentes, avec une santé cardiovasculaire non optimale avant le confinement par rapport aux autres groupes. Et ce sont surtout des personnes vivant seules, (...). Cela illustre la relation déjà connue entre l’isolement social et les maladies cardiovasculaires, mais aussi l’importance d’avoir un réseau, de ne pas se retrouver seul dans les moments difficiles », poursuit-elle.
Les chercheurs ont désormais l’ambition de poursuivre leur exploitation des données collectées par Withings. « Nous avons un recul de deux ans pour appréhender les conséquences de long terme, qui seront sûrement impactées par le Covid, alors qu’on sait désormais qu’une infection par le SARS-CoV-2 fait monter la tension artérielle et accélère le vieillissement cardiovasculaire », indique la pharmacologue.
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