Récemment, des études ont suggéré que des altérations de la composition du microbiome oral, fécal et pancréatique pouvaient jouer un rôle dans le développement de l'adénocarcinome canalaire pancréatique, le cancer du pancréas le plus fréquent.
C’est pourquoi une équipe de chercheurs a tenté de savoir si le microbiote fécal ou salivaire pouvait être utilisé comme biomarqueur diagnostique de ce cancer.
La recherche a été menée au Centro nacional de investigaciones oncológicas (CNIO, Madrid) et publiée dans la revue « Gut ». Les chercheurs ont analysé des échantillons de selles de 57 patients chez lesquels avait été récemment diagnostiqué un cancer du pancréas (suivis sur plusieurs sites), de 27 patients atteints de pancréatite chronique et de 50 témoins en bonne santé. Cette analyse de selles a été complétée par des analyses d’échantillons de salive et de biopsies de tissu pancréatique. Au final, les chercheurs ont identifié, dans le groupe de patients ayant un cancer du pancréas, 27 micro-organismes qui pouvaient représenter une signature moléculaire spécifique du cancer du pancréas, pouvant donner lieu à un kit de dépistage. En revanche, le microbiote salivaire ne s’est pas révélé être associé au cancer du pancréas, contrairement aux microbes fécaux.
Signature génétique
Ensuite, les chercheurs ont tenté d'isoler une signature génétique correspondant à ces 27 microbes, afin de concevoir un test de dépistage. Avec succès : « Des analyses biostatistiques et bio-informatique sophistiquées nous ont permis de construire une signature génétique de ces 27 microbes dérivés des selles, principalement des bactéries, qui discrimine très bien les cas de cancer du pancréas, à la fois aux stades les plus avancés et aux stades les plus précoces », indiquent les auteurs.
La procédure pour valider cette signature génétique est toutefois complexe. La signature génétique a été validée dans une autre étude réalisée dans 2 centres allemands (Goethe university hospital et university clinic Erlangen) et sur 5 792 métagénomes fécaux issus de 25 études dans 18 pays. La signature est actuellement également en cours de validation chez une population japonaise. De plus, cette validation a pris en compte les facteurs de risque de cancer du pancréas (âge, obésité, diabète, pancréatite chronique, tabagisme, consommation élevée d'alcool, groupe sanguin et antécédents familiaux).
Au final, « la valeur prédictive élevée de cette signature génétique dans les selles pourra servir de biomarqueur pour définir la population à risque et, si cela est validé dans des essais cliniques, elle pourra être utilisée pour le diagnostic précoce du cancer du pancréas », affirment les auteurs.
C’est une bonne nouvelle sachant que ce cancer, peu fréquent, est de mauvais pronostic. Son taux de mortalité élevé s’explique en partie par les options thérapeutiques limitées, mais également par un diagnostic généralement tardif, lié à des symptômes peu spécifiques et d’apparition tardive, lorsque les tumeurs ne peuvent plus être retirées par chirurgie. Par conséquent, le développement de tests non invasifs, spécifiques et abordables capables de détecter la maladie de manière précoce permettra d’améliorer la survie des patients
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle