Institut de cancérologie Strasbourg Europe

Un laboratoire de pointe dédié à la radiopharmacie

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Publié le 26/10/2021
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Ouvert il y a quelques semaines, le nouveau laboratoire de radiopharmacie de l’Institut de cancérologie Strasbourg Europe (ICANS) constitue désormais l’une des unités les plus vastes et les plus modernes de France dévolues à cette spécialité très particulière de la pharmacie.

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Un centre de pointe où s'exerce autrement le métier de pharmacien
Crédit photo : DR

« On ne connaît pas assez l’importance des radiopharmaciens en médecine nucléaire et imagerie moléculaire », a souligné le directeur général de l’ICANS, le Pr Xavier Pivot, en inaugurant, outre ce laboratoire, un nouvel imageur TEP-IRM associant une imagerie simultanée fonctionnelle et moléculaire. Ces images permettant des diagnostics et des suivis thérapeutiques beaucoup plus précis n’existeraient pas sans les médicaments radiopharmaceutiques (MRP) produits et préparés par les trois radiopharmaciens de l’Institut : secondés par plusieurs préparateurs, ils travaillent avec 8 équipements lourds installés derrière des murs et des parois blindés dans une salle blanche, tant pour cause de radioactivité que pour la préparation de médicaments stériles. Pharmaciens hospitaliers, les radiopharmaciens suivent deux années de formation spécifiques, dont la seconde, supplémentaire aux quatre années d’internat de pharmacie, se déroule à l’INSTN-CEA de Saclay, avec des modules communs à la formation des médecins nucléaires.

« Nous suivons tout le parcours des médicaments radiopharmaceutiques utilisés en diagnostic ou en thérapeutique, depuis leur prescription par le médecin jusqu’à la dispensation au patient », explique Cécile Hammer-Lefèvre, l’une des trois radiopharmaciens de l’ICANS. Cette activité inclut la commande et la réception du MRP, livré prêt à l’emploi ou non, sa préparation et son dosage, adapté à chaque examen et chaque patient, puis son conditionnement, sous forme de solution injectable ou parfois de gélule. Préparées dans les locaux de la radiopharmacie, les solutions sont ensuite introduites dans des « chopes » lourdement plombées, lesquelles sont dispensées à travers des sas aux vitres épaisses aux médecins et manipulateurs qui pratiquent les injections puis les examens. « On compte environ 250 radiopharmaciens en France, et on peut dire pour simplifier que nous sommes un peu à la médecine nucléaire et à l’imagerie moléculaire ce que nos confrères produisant des chimiothérapies sont à la cancérologie », poursuit cette pharmacienne.

Consultations pharmaceutiques

Les échanges entre les radiopharmaciens et les patients sont bien sûr plus rares et spécialisés qu’avec des pharmaciens classiques… pourtant, ils font eux aussi des consultations pharmaceutiques, notamment dans le cadre de traitements ambulatoires comme celui de l’hyperthyroïdie. Il s’agit avant tout de parler de radioprotection, car le patient qui absorbe de l’iode 131 devient à son tour radioactif et doit prendre des précautions pour protéger son entourage. Ce même iode 131 est utilisé à des dosages plus élevés pour les cancers de la thyroïde : là, le patient est strictement confiné pendant trois à quatre jours dans une chambre de curiethérapie, un véritable petit bunker où il reçoit le premier jour d’hospitalisation une seule gélule, réceptionnée et contrôlée par la radiopharmacie : cette thérapie unique peut lui éviter une opération.

Des médicaments surtout utilisés à des fins diagnostiques

En thérapeutique, un certain nombre d’isotopes radioactifs, couplés ou non à des vecteurs, répondent à des indications extrêmement précises, comme le radium 233 pour les métastases osseuses du cancer de la prostate ou le lutétium 177 utilisé contre les tumeurs neuroendocrines. Toutefois, précisent les radiopharmaciens, « notre activité est dominée à plus de 90 % par la préparation et la délivrance de médicaments radiopharmaceutiques utilisés à des fins diagnostiques ».

Les trois radiopharmaciens « seniors » de l’ICANS forment aussi des internes et des jeunes confrères à cette spécialité, mais l’Institut compte quatre autres pharmaciens hospitaliers à plein temps. Pour Pierre Coliat, qui dirige la pharmacie de l’ICANS après avoir connu aussi bien l’hôpital que l’officine, travailler dans un institut de cancérologie est très valorisant, car le pharmacien y déploie une large gamme de compétences et s’associe étroitement au traitement du patient. Cela inclut aussi le suivi des traitements ambulatoires en coopération avec les pharmaciens de ville. L’Institut organise d’ailleurs, dans le cadre de son service de rétrocession, des consultations pharmaceutiques et des séances d’éducation thérapeutique avec un programme dédié aux thérapies orales en cancérologie.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien