« Le crabe et la fourmi »… Une équipe de chercheurs français (CNRS, université Sorbonne Paris Nord, Institut Curie et INSERM) serait-elle en train d'ajouter ce nouvel opus au fablier de La Fontaine ? On pourrait le croire. Car leurs travaux publiés dans « iScience » visent ni plus ni moins que la détection du cancer par les insectes sociaux. Connaissant déjà l'aptitude de chiens entraînés à renifler l'odeur des cellules cancéreuses, plusieurs raisons ont amené les scientifiques à explorer la piste des fourmis renifleuses. D'abord, soulignent les auteurs de l'étude, les fourmis sont disponibles en grand nombre. Mais surtout, leur entraînement est beaucoup plus court (30 minutes contre 6 à 12 mois pour un chien) et le coût de dressage et d'entretien bien plus faible (miel et insectes congelés deux fois par semaine). Sachant que les cellules cancéreuses se caractérisent par un métabolisme altéré, produisant des modèles uniques de composés organiques volatils (COV) qui peuvent être utilisés comme biomarqueurs du cancer, et que ces COV peuvent être reconnus, après dressage, par les insectes, les chercheurs ont donc entraîné des fourmis de l'espèce Formica fusca à cette reconnaissance. « Nous avons précédemment démontré que les fourmis ouvrières individuelles de cette espèce apprennent rapidement à associer un stimulus olfactif à une récompense alimentaire et retiennent cette information pendant une longue période de temps (plusieurs jours). » Résultat ? Confrontées à des échantillons de cellules cancéreuses humaines (IGROV-1, cancer de l'ovaire), « les fourmis choisissent collectivement la bonne odeur avec une probabilité très élevée (p < 0,01 dans toutes nos expériences) », observent-ils. Mieux encore, non contentes de discriminer cellules saines et cellules cancéreuses, les fourmis font même la différence entre deux lignées cancéreuses distinctes, suggérant ainsi clairement que cette discrimination repose sur des COV spécifiques des lignées cellulaires.
Aller plus loin ? Les dresseurs de fourmis y pensent déjà. Passer par exemple à la détection par les insectes des odeurs émises par le corps des patients. On n'ose imaginer à quoi ressemblerait le vécu d'un tel dépistage…
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