Une étude présentée au congrès de pneumologie de langue française montre une augmentation très nette de la proportion de femmes atteintes d'un cancer du poumon. Un constat notamment lié au développement du tabagisme féminin.
« Le cancer du poumon n'est plus une maladie d'hommes » : tel est le principal constat d'une étude présentée en janvier dernier au congrès de pneumologie de langue française. Réalisée tous les dix ans depuis 2000, cette étude montre que le contingent féminin dans le cancer du poumon est passé de 16 % de femmes (parmi les personnes) atteintes d'un cancer du poumon en 2000 à 24,3 % en 2010 et 34,6 % en 2020. Chez les moins de 50 ans, la parité est presque atteinte puisque 41,1 % des patients sont désormais des femmes. En cause, le développement du tabagisme féminin à partir des années 1960, le tabac étant à l'origine de ces cancers dans plus de 87 % des cas dans la population globale et dans 75 % des cas chez la femme.
La crainte des spécialistes, c'est que, comme aux États-Unis, le cancer du poumon devienne en France la première cause de mortalité par cancer chez la femme. Tandis que ces cancers sont souvent diagnostiqués trop tard, plusieurs études ont démontré les bénéfices d'un dépistage précoce par scanner. Aux États-Unis, l'augmentation de la détection précoce du cancer du poumon depuis 2014 a sauvé environ 10 100 vies, souligne ainsi une étude parue le 30 mars dans le « British Medical Journal ».
En France, ce cancer n'est pas concerné par le dépistage organisé, comme c'est le cas du cancer du sein, du côlon ou encore de l'utérus, proposé systématiquement à l'ensemble d'une population cible, car les autorités sanitaires craignent essentiellement un risque de « surdiagnostic ». Elles ont pourtant récemment entrouvert la voie à une généralisation possible. Dans un avis rendu en février, la Haute Autorité de santé (HAS) a encouragé « la mise en place d'expérimentations en vie réelle avant d'envisager le déploiement d'un programme de dépistage organisé à large échelle ».
Dans ce contexte, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de lancer une étude pilote (intitulée « Cascade ») qui consiste à inviter 2 400 fumeuses ou ex-fumeuses, âgées de 50 à 74 ans, à se faire dépister. Elles doivent être originaires de Paris, Rennes, Grenoble ou Béthune, et ne pas présenter de symptômes de la maladie car il s'agit de faire de la prévention. « Durant deux ans, elles se verront proposer trois scanners à faible dose de rayons et un suivi médical », détaille Marie-Pierre Revel, cheffe de service à l'hôpital Cochin, qui supervise ce projet. Pour le moment, quelque 500 femmes se sont manifestées pour participer au dépistage.
Avec l'AFP.
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