L’étude EURODIAB menée
dans 17 pays européens
a analysé les données
épidémiologiques du diabète
de type 1 chez les enfants.
Le nombre de nouveaux cas
devrait doubler d’ici
à 2020 chez les petits
de moins de 5 ans.
Globalement, la prévalence
chez les enfants
de moins de 15 ans serait
augmentée de 70 %.
ALORS QUE LES ENFANTS
obèses sont de plus en plus nombreux
dans les cours de récréation,
les pédiatres s’inquiètent
depuis quelques années de
l’émergence du diabète de type 2.
Si ce phénomène relativement
nouveau a de quoi faire réagir, il
ne faut pas en oublier pour autant
que le diabète de type 1 reste la
forme de la maladie la plus répandue
chez les enfants. Et le restera
à l’avenir. À tel point que
chez les moins de 15 ans, la prévalence
devrait être augmentée
de 70 % d’ici à 2020. Mais plus surprenant
encore, ce sont les petits
de moins de 5 ans qui seront le
plus touchés par la progression
de la maladie : l’incidence
devrait doubler en 2 020 par rapport
à celle de 2005. Tels sont les
résultats d’une étude européenne
dirigée par le Dr Christopher
Patterson, médecin de santé publique
à Belfast.
Pour son travail, l’équipe de
l’épidémiologiste anglais a analysé
les données issues de l’étude
EURODIAB couvrant une période
de quinze ans allant de 1989
à 2003. Avec le projet international
DIAMOND, cette étude européenne
est en effet la source de
données la plus solide sur ce sujet
épidémiologique grâce à un recueil
standardisé. Les registres de
20 centres dans 17 pays européens
ont été ainsi épluchés :
pays scandinaves (Danemark,
Finlande, Norvège, Suède) et
Royaume-Uni, région occidentale
(Espagne, Luxembourg, Belgique,
Allemagne), région d’Europe centrale
(Tchéquie, Autriche, Slovénie)
et la région des pays de l’Est
(Lituanie, Pologne, Slovaquie,
Hongrie, Roumanie). Pour les différentes
analyses statistiques,
les épidémiologistes ont utilisé la
méthode dite de régression de
Poisson puis ont effectué des calculs
par extrapolation pour établir
leurs prévisions.
La tendance annoncée par les
projections antérieures se trouve
ainsi confirmée. Alors que la prévalence
du diabète de type 1 était
de 94 000 en 2005 chez les moins
de 15 ans, il est prévu que le chiffre
atteigne 160 000 en 2015.
Quant au nombre de nouveaux
cas, il devrait passer de 15 000 en
2005 à 24 400 en 2020. Il apparaît
que cette augmentation d’incidence
touche surtout les petits
avec un doublement de cas pour
les moins de 5 ans. La distribution
entre les tranches d’âge semble
ainsi devenir plus uniforme.
Pour les 0-4 ans, les 5-9 ans et
les 10-14 ans, la distribution des
nouveaux cas était en effet répartie
respectivement entre 24, 35 et
41 % en 2005, tandis qu’elle passe
en 2020 à 29, 37 et 34 %, avec un
excès pour la tranche des moins
de 5 ans et plus marqué chez les
filles. À l’analyse par pays, il apparaît
que la progression est commune
aux pays à forte incidence
(pays scandinaves, Royaume-
Uni) et à ceux à moindre risque
(Autriche, Lituanie, Pologne). De
récentes données américaines
vont dans le même sens.
Mode de vie, taille et poids,
césariennes. La question que
tout le monde se pose : comment
expliquer ce phénomène ? Il
n’existe malheureusement pas
encore de réponse claire. Il ne
semble pas très plausible que
cette prévalence en hausse ne
soit attribuable qu’à des modifications
d’ordre génétique. Les auteurs
suggèrent ainsi comme hypothèses
le mode de vie moderne,
l’augmentation en taille et en
poids, les accouchements par
césarienne, ainsi que la réduction
du nombre d’infections en bas
âge. La consommation de masse
domestique a été incriminée, ce
qui expliquerait que la plus forte
augmentation d’incidence est
constatée dans les pays d’Europe
de l’Est en croissance. Le fait que
de plus en plus d’enfants jeunes
soient atteints doit faire renforcer
la vigilance des médecins. À court
terme, le diabète est en effet d’expression
plus grave avec une acidocétose
marquée nécessitant
l’hospitalisation. À plus long ter -
me, il sera crucial de minimiser le
plus possible le risque de complications
micro- et macrovasculaires
par un équilibre glycémique
optimal. Face à la progression
des diabètes de type 1 et 2 chez
les enfants, la pédiatrie de demain
devra prendre un virage et
adapter sa pratique à ces nouvelles
donnes.
› Dr IRÈNE DROGOU
The Lancet, édition en ligne du 28 mai 2009.
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