La nouvelle génération serait-elle plus raisonnable ? C'est en tout cas ce que semblent montrer les chiffres de l'OFDT. L'instance a interrogé 23 701 jeunes de 17 ans à l'occasion de leur journée défense et citoyenneté (JDC) sur leur état de santé et leurs conduites addictives.
Depuis la précédente enquête, en 2017, l'OFDT observe une baisse notable de la consommation d'alcool, de tabac et de cannabis chez les jeunes, qu'il s'agisse d'une première expérimentation, de la consommation quotidienne, régulière (10 fois par mois) ou mensuelle (une fois par mois). Ces chiffres sont même les plus faibles depuis 22 ans !
Une consommation plus tardive et plus faible
Ainsi, le nombre de jeunes n'ayant jamais bu d'alcool a quadruplé en 20 ans (de 1 sur 20 à 1 sur 5). Pour la première fois, moins de la moitié des 17 ans (46,5 %) a déjà fumé. Ils étaient 60 % en 2017 et 77 % en 2000. Les fumeurs quotidiens, qui représentaient 41,1 % des jeunes en 2000, sont passés à 25,1 % en 2017 et 15,6 % en 2022. La consommation de cannabis est aussi au plus bas, avec seulement 3,8 % des 17 ans qui en fument régulièrement, contre 7,2 % en 2017 et 10 % en 2000. Les consommateurs sont non seulement moins nombreux, mais aussi plus âgés. Ainsi, en deux décennies, l'âge de la première cigarette est passé de 13,5 à 14,5 ans.
Cette baisse se retrouve aussi chez les drogues alternatives (chichas, -33 % d'expérimentation, champignons hallucinogènes -60 %), mais aussi chez l'ensemble des drogues illicites ou « dures » (cocaïne, héroïne, crack, LSD…) dont les premières expérimentations ont diminué entre 32 % et 61 % depuis 2017, et concernent désormais moins de 1 % des jeunes. Pareil pour l'usage détourné de produits psychoactifs (purple drank, protoxyde d'azote). Seule exception : les poppers, dont l'expérimentation augmente de 25 %, soit un ado sur 10.
Autre tendance : la cigarette électronique, dont la consommation a explosé avec un triplement de l'usage quotidien (1,9 à 6,2 %). L'OFDT note que la consommation est majoritairement féminine, les lycéennes présentant des niveaux six fois supérieurs à ceux des garçons.
L'OFDT se félicite de ces chiffres et en attribue la raison aux multiples campagnes de prévention ainsi qu'à la plus grande difficulté d'accès (financière et légale) de ces drogues pour les jeunes. Toutefois, « Il y a une différence notable selon le statut scolaire. Les jeunes en formation d'apprentissage et ceux sortis du système scolaire ont des niveaux de consommation d'alcool, de tabac et de cannabis trois à quatre fois plus élevés », pointe Fabien Jobard, président du Collège scientifique de l'OFDT, qui souligne l'importance de s'adresser à ces populations plus fragiles.
Un mal-être présent
L'OFDT pointe aussi une détérioration de la santé mentale : 18 % des sondés affirment avoir eu des pensées suicidaires en 2022, contre 11,4 % en 2017, et, parmi eux, deux fois plus de filles que de garçons (24 % contre 12,3 %). Des chiffres qui pourraient en partie s'expliquer par la plus grande sensibilité de la société à aborder ce sujet. Ils sont aussi 3 % de moins qu'en 2017 à se déclarer en bonne santé. Soit 91 %, un chiffre globalement très élevé dont nous pouvons nous féliciter.
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