Une revue Cochrane confirme que les cigarettes électroniques contenant de la nicotine représentent un outil efficace d'aide au sevrage tabagique. Celles-ci pourraient même être plus efficaces que les substituts nicotiniques tels que les chewing-gums ou les patchs.
« Les résultats de cette analyse sont cohérents avec le consensus d'experts concernant les cigarettes électroniques - à savoir que, bien que non sans risque, elles sont considérablement plus sûres que de fumer. En incluant des preuves récentes, notre revue renforce ce constat », indique au « Quotidien » Jamie Hartmann-Boyce du groupe Cochrane Tobacco Addiction et première auteure.
Un niveau de preuve modéré
Cette revue Cochrane est une mise à jour d'une revue publiée en 2016, qui prend en compte des données allant jusqu'en décembre 2020. Elle inclut 50 études au total (soit 35 supplémentaires), dont 26 essais randomisés contrôlés qui ont comparé la cigarette électronique avec nicotine aux substituts nicotiniques, à la cigarette électronique sans nicotine, à un soutien comportemental (conseils) ou bien à l'absence de traitement. Le critère principal des publications retenues était l'arrêt du tabac depuis au moins six mois. Au total, 12 430 participants ont été inclus dans l'analyse.
D'après trois études incluant 1 498 patients, pour 100 personnes ayant recours à la cigarette électronique avec nicotine, dix arrêtent de fumer à six mois contre seulement six avec les substituts nicotiniques. Trois autres études regroupant 802 participants montrent des résultats similaires en comparaison à la cigarette électronique sans nicotine. Ces données sont associées à des niveaux de preuve modérés.
Avec un niveau de certitude plus faible, quatre études (2 312 participants) ont montré qu'un soutien comportemental ou une absence de traitement conduisent uniquement quatre participants sur cent à arrêter de fumer.
Pas de signal de sécurité
À noter que les observations des essais non randomisés étaient cohérentes avec ces conclusions. « Le suivi le plus long de nos études était de deux ans, nous avons donc vraiment besoin de données à plus long terme, en particulier en ce qui concerne la sécurité », souligne Jamie Hartmann-Boyce. À ce stade, cette revue n'a mis en évidence aucun effet indésirable grave de la cigarette électronique, les effets indésirables les plus fréquents étant une irritation de la gorge, des maux de tête, de la toux et des nausées.
Concernant le syndrome EVALI (E-cigarette or Vaping, product use-Associated Lung Injury) à l'origine de plusieurs décès en 2019 (en particulier aux États-Unis), l'auteure précise que les cigarettes électroniques utilisées sont des dispositifs réglementés, alors que « l'EVALI a été largement attribué aux e-liquides non réglementés contenant du THC et un additif appelé acétate de vitamine E », rappelle-t-elle.
Vingt nouveaux essais portant sur la cigarette électronique sont en cours et pourront intégrer la prochaine actualisation de la revue Cochrane. « Ces nouveaux essais auront sans aucun doute un impact sur nos conclusions - soit en les renforçant, soit en les modifiant s'ils montrent quelque chose de différent », note Jamie Hartmann-Boyce.
(1) J. Hartmann-Boyce et al., Cochrane Database of Systematic Reviews, 2020,
https://doi.org/10.1002/14651858.CD010216.pub4.
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