Une prise de sang effectuée après une fausse couche survenue dès la cinquième semaine de grossesse peut aider à en expliquer les raisons et, dans certains cas, conduire à des traitements préventifs, selon une étude publiée dans « The Lancet ».
Une équipe de chercheurs danois vient de publier dans « The Lancet » des travaux permettant d’établir si une fausse couche est due, ou non, à une anomalie chromosomique. Ceci, grâce à un test proposé aux femmes venant de faire une fausse couche et se rendant aux urgences.Contrairement à ce qui était admis auparavant, le test peut être utilisé au tout début d'une grossesse, dès la cinquième semaine. Il est accepté dans plus de 75 % des cas.
Lancé en 2020 et toujours en cours, le projet - baptisé COPL pour Copenhagen pregnancy loss - a analysé les données de plus d'un millier de femmes danoises ayant fait une fausse couche entre 35 et 149 jours de grossesse.
« Si la grossesse est interrompue, nous pouvons effectuer une prise de sang sur la mère pour connaître les caractéristiques génétiques du fœtus », explique Henriette Svarre Nielsen, qui dirige l'équipe. Isolé puis séquencé après la prise de sang, l’ADN de l’embryon ou du fœtus est analysé pour déterminer s’il est porteur d’une anomalie chromosomique importante et donc non viable, la réponse étant positive dans 50 à 60 % des cas.
Les médecins peuvent alors déterminer la gravité des anomalies, prédire les risques de futures fausses couches et proposer un traitement en conséquence. En l'absence d'anomalie chromosomique, ils peuvent rediriger leur enquête sur d'autres causes de fausse couche : déséquilibres hormonaux, maladies endocriniennes, problèmes de coagulation, mode de vie…
Ce type de test n'est pas inédit, mais il n'est proposé au Danemark qu'après trois fausses couches consécutives et seulement si la grossesse atteignait dix semaines de gestation ou plus. Le projet COPL doit permettre de constituer une base de données unique, en rassemblant des pathologies différentes grâce à la cohorte de femmes la plus vaste jamais rassemblée. Selon Henriette Svarre Nielsen, à terme, les résultats de l'étude pourraient permettre d'empêcher 5 % des 30 millions de fausses couches annuelles dans le monde, qui touchent 1 femme sur 10 au cours de leur vie.