Elle veut des prescriptions de sport, mais se les applique déjà à elle-même.
Elle dit souvent à ses patients que le meilleur des médicaments c'est de bouger, le mouvement, le sport. « Sortez de chez vous, faites une petite marche. » Fanny Blondelle, pharmacienne à Bertincourt (Pas-de-Calais), est elle-même une acharnée du sport. La crise du Covid vient aussi de lui rappeler que c'est un sas de décompression qui lui est indispensable.
« J'ai besoin de prendre l'air, de sortir des murs. En dix-huit jours, pendant le confinement, il y a eu neuf décès dans le village de 900 habitants, dont deux malades du Covid, d'autres qui se sont laissés aller, et ça a été dur pour tout le monde. »
Une battante
Cette consœur est manifestement une battante. Elle est née et a vécu dans l'est de la Somme, à quelques kilomètres de son officine. À 7 ans, elle a commencé le tennis à Moislains, « dans un petit club de village ». Elle jouait en simple et en double avec sa copine. Elle a obtenu un « petit classement », et faisait aussi de la natation.
Elle a arrêté le sport en entrant à la faculté d'Amiens, et s'est consacrée aux études. Puis, elle s'est mariée et a eu une petite fille.
Assistante à Epehy, toujours dans son Santerre, elle recherchait une activité de proximité, autre que « taper dans la balle avec [son] mari ». Elle monte à cheval, mais fait une mauvaise chute : « Ce sport n'était pas pour moi, j'allais me tuer. Je reprenais une officine, j'avais une entreprise à faire tourner. »
Elle fait de la course à pied, puis revient au tennis à Péronne. « J'ai retrouvé rapidement la raquette, le goût. J'ai attaqué des tournois de fédération, et j'ai repris un peu de classement, progressivement. Je fais des championnats en individuel, par équipe, des tournois entre clubs. »
« Je joue une à deux fois par semaine, plus le dimanche en période de tournoi, plus pendant les championnats d'hiver et d'été, trois mois chaque fois. Je fais parfois deux matches par semaine, plus l'entraînement, plus le boulot. Un coach a dit à mon mari que jouer m'évitait de casser des assiettes à la maison ! Je cours aussi, et je suis ma fille de neuf ans, qui joue au tennis depuis deux ans. »
Le sport c'est la vie
« Quand je ne cours pas, que je ne joue pas, je commence à bouillonner. »
Pendant le confinement, elle a ressorti un vieux vélo d'appartement, a parcouru 100 km en deux jours. Elle courait aussi sur un tapis de course.
« Je ne pensais pas que j'aurais besoin de compétition, mais il me faut de l'adrénaline : se « challenger », c'est bien. Et ces décès (pendant le confinement) ont été durs à encaisser. »
À 36 ans, Fanny Blondelle s'est donné pour objectif un classement au tennis de 15-4 dans deux ans. Puis elle veut courir des marathons, et rêve de la diagonale du fou pour ses 45 ans. Cette course folle fait traverser l'île de la Réunion : 22 heures, 9 600 mètres de dénivelé positif, plus de 160 km.
Elle se sait risquer le « geste de trop », une déchirure par exemple. « Je me sens un peu trop brute, un peu trop dans la compétition. Mais j'ai un côté joueuse, j'ai un besoin d'adrénaline. La première fois que j'ai repris la course, j'étais "en fin de vie" après trois kilomètres, mais après j'ai ajouté 1 km, et encore 1 km. Il faut des prescriptions de sport, assure la consœur, car le sport c'est la vie. »