Bon usage du médicament

Une nouvelle campagne aux messages décalés

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Publié le 15/06/2023
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Non-respect de la posologie, utilisation de produits périmés ou prise de multiples médicaments pour soulager plus vite des symptômes… Ce sont quelques-uns des mésusages courants des Français qui n’en perçoivent pas les dangers. Pour y remédier, une campagne grand public se déploie sur les réseaux sociaux et associe le pharmacien en tant que gardien des poisons.

Mal utilisé, un médicament peut être inutile voire dangereux pour la santé. Si cette assertion est une évidence pour les gardiens des poisons que sont les pharmaciens, ce n’est pas le cas pour une partie du grand public. Preuve en est, une étude menée en 2021 par Viavoice pour l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pointe le fait que « 3 Français sur 10 adaptent, par eux-mêmes, la dose ou la durée des médicaments qui leur ont été prescrits ». De même, « 1 Français sur 5 prend des doses plus fortes ou prend plusieurs médicaments en même temps pour soulager plus vite les symptômes ». Près de 50 % n’hésitent pas à donner l’un de leurs médicaments à un proche qui présente les mêmes symptômes et 34 % estiment qu’il est peu ou pas risqué de prendre un médicament périmé.

Face à ces mauvaises pratiques et aux risques qu’elles font courir aux Français, l’ANSM vient de lancer une campagne sur Internet, en particulier sur les réseaux sociaux et les plateformes de streaming, afin de sensibiliser au bon usage du médicament. La signature ? « Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère. » À travers des spots audio et vidéo, l’agence a choisi d’utiliser des messages décalés pour ancrer les réflexes du bon usage. Ainsi peut-on entendre « une momie, ça se conserve éternellement ; pas les médicaments », ou bien « les épices, ça marche bien quand on les mélange ; pas les médicaments », pour que chacun comprenne l’importance de respecter posologie, durée de conservation, conseil et prescription des professionnels de santé.

Un trio indispensable

« Le mésusage peut avoir un impact délétère à la fois individuel, en entraînant des effets indésirables qui auraient pu être évités, et collectif, en raison des coûts humains et économiques qu’il génère », relève Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM. C’est pourquoi l’agence a souhaité associer les médecins, les pharmaciens et les patients, « un trio indispensable » à la bonne réussite de cette campagne qui sera diffusée de manière intensive jusqu’à la mi-juillet, puis deviendra un « fil rouge » jusqu’à la fin de l’année. « C’est dans l’ADN des pharmaciens de faire cette pédagogie, vous pouvez compter sur nous pour relayer cette campagne », assure Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP).

Au-delà des spots audio, des vidéos et des bannières qui seront diffusés sur Internet, l’ANSM a conçu un dépliant à l’attention du grand public et réalisé un mailing aux professionnels de santé. Elle déploie également un site dédié, lesmedicamentsetmoi.fr, et compte bien réitérer l’opération en 2024, cette fois avec des messages ciblant spécifiquement les professionnels de santé.

Mélanie Mazière

Source : lequotidiendupharmacien.fr