C’est un rapport* touffu et truffé d’une cinquantaine de recommandations dont a hérité la Première ministre, Élisabeth Borne, la semaine dernière. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se dit plutôt en phase avec la plupart des mesures proposées pour l’officine, que ce soit pour le développement des TROD, l’élargissement des protocoles cystite et angine à d’autres pathologies, le renforcement de la prescription dans un répertoire générique élargi, l’extension de la liste des biosimilaires substituables associée à une marge biosimilaire égale à celle du biomédicament d’origine… Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), y est globalement favorable aussi. Mais il insiste surtout sur le fait que « toutes ces mesures devraient être en place depuis bien longtemps ».
Là où le bât blesse les deux syndicats ? La proposition de diminuer les remises commerciales sur les génériques en abaissant le plafonnement de 40 % actuellement à 20 %. Le but ? « Redonner des marges de rentabilité » aux génériqueurs et éloigner « le risque réel de voir disparaître certaines molécules des catalogues des acteurs concernés ». Autrement dit : priver le réseau officinal d’une manne de 650 millions d’euros pour atténuer « les fragilités d’approvisionnement liées à la situation d’inflation et ses impacts sur les coûts de revient » et cela « sans augmentation de prix » des médicaments.
Concertation serrée
« Ce rapport écrit pour et par les industriels est une déclaration de guerre, lâche Pierre-Olivier Variot. Les remises générique sont transparentes et participent de l'équilibre dans le nouveau mode de rémunération du pharmacien notamment acté dans l'avenant 11 à la convention pharmaceutique. » Philippe Besset se montre tout aussi catégorique. « Au moment où nous avons besoin d’investissements pour déployer le nouveau rôle du pharmacien d’officine en termes de santé publique et de prévention, il est hors de question que nous perdions de la rémunération sur notre cœur de métier qu’est la délivrance du médicament. »
Les auteurs du rapport estiment que les pertes engendrées par cette baisse des remises génériques pourraient être compensées, pour partie, « dans le cadre de la politique de soutien aux missions de santé publique à forte valeur ajoutée, notamment le financement de la prévention, de la vaccination ou de la pénétration des biosimilaires, voire le développement de parcours officinaux ». Une aberration pour les syndicats qui balaient toute idée de compensation. « Le cœur de métier reste la délivrance du médicament dont la rémunération doit être consolidée et même améliorée puisqu’elle représente 80 % à 90 % de notre activité, rappelle Philippe Besset. Les autres missions sont du travail en plus pour lequel il est normal d’être rémunéré en plus. » Les représentants de la profession aiguisent leurs armes pour une « concertation serrée » dès la rentrée, voire un durcissement des négociations conventionnelles sur le volet économique qui doivent s'ouvrir à l'automne.
* Intitulé « Pour un new deal garantissant un accès égal et durable des patients à tous les produits de santé ».
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