L'activité officinale affiche une belle dynamique pour les neuf premiers mois de cette année, comme le démontrent les statistiques publiées par le GERS Data. Mais l'inflation, tout comme une poussée des médicaments onéreux, s'invitent à ce bilan, ébranlant quelques certitudes quant à l'avenir.
La baisse drastique de la fréquentation des cabinets médicaux (- 10 % entre septembre et octobre par rapport à 2021), tout comme la stagnation des téléconsultations (entre 5 et 3 % des consultations), n'ont pas affecté outre mesure l'activité officinale. Bien au contraire, le chiffre d'affaires du réseau se monte à 41 milliards d'euros (hors TVA 0%), contre 36 milliards d'euros les années précédentes. « Signe que la pharmacie absorbe la demande de premier recours », analyse Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS et directeur général du GERS Data. En ce qui concerne le médicament remboursable, cette baisse des prescriptions de ville est par ailleurs compensée par une hausse significative des prescriptions hospitalières qui gagnent du terrain au sein du segment des produits de TVA à 2,1 %. « Sur les quatre dernières semaines, nous observons une hausse de 6 % par rapport à la période de référence 2020, portée essentiellement par les délivrances hospitalières », note Patrick Oscar. Autre élément de taille, la part des médicaments onéreux dont le prix excède 1 930 euros poursuit son ascension. Si le nombre de présentations vendues a triplé depuis 2017, le chiffre d'affaires réalisé par ces ventes a été multiplié par quatre. Certes, aujourd'hui, rapporté au nombre d'unités, ce marché ne représente que 0, 08 % des volumes vendus en pharmacies, mais il constitue déjà 22 % du chiffre d'affaires.
Ces premières données font dire au directeur du GERS Data que, « la lecture de l'activité officinale par taux de TVA ne permet définitivement plus de tirer des conclusions ». Elle ne permet en tout cas plus une approche satisfaisante, tant l'analyse catégorielle s'impose désormais au sein de chaque catégorie de taux de TVA. En effet, la croissance du « 2,1 % » ne se reflète pas dans la marge, tandis que le « 5,5 % » amalgame des produits très divers, des SHA à la nutrition infantile en passant par les compléments alimentaires et certains DM.
De même, la pratique officinale devient de plus en plus hétérogène. Alors qu'elle accroît sa technicité, la dispensation du médicament s'oriente aussi de plus en plus vers le conseil. Cette polarisation de l'activité officinale se traduit dans les chiffres par une forte poussée de l'automédication. Les pathologies hivernales en forte croissance avec la tombée des masques et l'abandon des gestes barrière, participent à cette dynamique, souligne David Syr, directeur général adjoint de GERS Data. Maux de gorge, toux, diarrhée contribuent à une croissance de ce marché, tandis qu'à l'autre bout de l'échelle, le marché des douleurs articulaires et musculaires s'infléchit. « La croissance du selfcare est portée pour 52 millions d'euros par l'innovation, c’est-à-dire des références qui n'étaient pas sur le marché en 2021, mais aussi par l'effet prix », observe David Syr, qui indique, inflation oblige, une hausse des prix de 3,3 points à périmètre constant. Ces tendances sont cependant hétérogènes, certains produits, comme la nutrition infantile subissent une augmentation des tarifs de 6 points. « La notion d'inflation varie beaucoup en fonction des produits, des stocks disponibles en pharmacie et du choix du conseil du pharmacien lui-même », relève le directeur adjoint du GERS Data.
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